Échos de la diaspora : Mylène Flicka, fondatrice d’Irawo, la plateforme de référence pour apprendre des meilleurs experts de l’Afrique

Elle est de ces personnes qui veulent impacter leur environnement, leur monde, leurs contemporains. Elle a vu loin très tôt en créant une plateforme  pour dit-elle, lutter contre le préjugé dont pâtit la jeunesse béninoise, qui est jugée immature et irresponsable. Fondatrice de la plateforme Irawo, Mylène Flicka a pour ambition de changer les choses. Son portrait.

Joyeuse, battante et entrepreneuse, Mylène Flicka, de son vrai nom Marie-Madeleine Fifamè Akrota est une jeune et brillante béninoise, militante du web et féministe. Bachelière à 15 ans, diplômée de l’École nationale d’administration et de la magistrature du Bénin à 18 ans, elle est une professionnelle du marketing avec plus de 7 ans d’expérience dans le développement de stratégies marketing innovantes, la création de communautés actives et de programmes d’entrepreneuriat. Elle est par ailleurs la plus jeune boursière de la Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders en 2018, dirigée par le gouvernement américain.

En 2010, alors qu’elle était encore lycéenne, elle crée son compte Facebook avec pour pseudo Mylène Flicka, inspirée du best-seller « Mon amie Flicka », œuvre écrite par Mary O’Hara en 1941. Elle utilise son mur pour partager des contenus, raconter des histoires relatives à son quotidien. Elle finit par créer en 2014 un blog personnel autour duquel elle rassemble près de 20 000 abonnés.

Écrire lui permet de mieux participer à la conversation du monde

En 2015, fraîchement sortie de l’université, Mylène comprend qu’elle venait de perdre 3 ans de sa vie. « J’ai étudié 3 ans pour finir dans une impasse. La diplomatie n’était pas un métier fait pour moi. Aucun débouché réel, que de l’attentisme et des jeux politiques pour lesquels je n’avais pas de patience. Réaliser ça après 3 ans d’études acharnés, c’est dur. C’était la dépression totale. J’avais perdu tous mes repères. Qu’allais-je faire de ma vie ? C’est ma passion pour l’écriture qui m’a sauvée. Au lieu de maudire le sort, je suis allée à la recherche de nouveaux repères », raconte-t-elle.

La jeune femme voulait trouver et s’inspirer de gens comme elle qui ont eux aussi dû sortir des sentiers battus pour créer leur propre chemin, des jeunes talents dont on ne parle pas dans les médias. Elle fait ainsi la rencontre des personnes formidables qui aujourd’hui sont des étoiles de toute une génération. Son premier portrait est ainsi celui de Marie-Cécile Zinsou, la fille de l’ancien Premier ministre du Bénin, dont la fondation lutte pour la préservation de l’héritage culturel béninois.

« Cette interview m’a tellement marquée que je me suis dit qu’il fallait que je parte à la recherche d’autres jeunes comme Marie-Cécile. Je voulais les faire parler pour que ceux qui leur ressemblent comprennent que la réussite est à leur portée et pour mettre fin au fatalisme avec lequel on nous force à grandir », confiait-elle.

Par la suite, Mylène écrit sur de jeunes danseurs qu’elle rencontre place des Martyrs à Cotonou. « J’étais fière de ces gens que j’avais commencé à rencontrer, et cela a fait germer en moi cette envie de créer un gigantesque répertoire de talents africains, de changer le regard qu’on peut avoir sur la jeunesse. Je voulais déceler des jeunes qui puissent inspirer d’autres jeunes, que chacun puisse prendre ses responsabilités dans notre destin commun.»

Aujourd’hui, les « irawo », comme elle les appelle, viennent de toute l’Afrique, et même de la diaspora. Ses histoires ont été lues/regardées par plus de 100 millions de personnes sur divers canaux, y compris les principaux médias nationaux et internationaux, couvrant plus de 110 pays dans le monde. Présentée dans Jeune Afrique, Le Monde, Le Temps, Grazia, TechCabal, Mylène a été nommée parmi les 50 personnes les plus influentes d’Afrique de l’Ouest en 2020.

La plateforme Irawo, une étoile…

C’est avec ses deux bourses d’excellence, d’un montant de 600 000 FCFA soit 915 euros, obtenus après son bac littéraire décroché à l’âge de 15 ans que Mylène Flicka loue, au lancement du site Irawo. En 2015, plus précisément, le 12 novembre 2015, Mylène met ainsi sur pied Irawo (qui signifie étoile, en langue nagô), une plateforme pour les jeunes africains, les talents, les professionnels, les entrepreneurs, toutes les personnes qui ont un savoir-faire et qui se demandent comment le rentabiliser.

« J’ai créé Irawo Talents pour lutter contre les préjugés dont pâtit la jeunesse béninoise. Elle est jugée immature et irresponsable, toute expression créatrice formulée par elle est considérée comme une anomalie. Cela crée un attentisme générationnel, les jeunes finissant par croire qu’il faut atteindre un certain âge pour poursuivre ses rêves », expliquait Flicka à jeuneafrique en 2018.

Irawo offre donc des programmes éducatifs, pratiques en collaboration avec les meilleurs entrepreneurs et professionnels d’Afrique pour offrir des programmes éducatifs sélectifs avec une approche basée sur la pratique, l’impact et la communauté.

« L’inspiration aide, mais elle n’est pas suffisante pour obtenir des success stories incroyables… »

Conscient qu’en dépit de leurs talents, les jeunes Africains ont du mal à générer des revenus stables, Irawo leur donne accès à des connaissances contextualisées, à des ressources et outils afin qu’ils développent les compétences nécessaires pour prospérer. « Bâtir un écosystème d’opportunités qui permette aux talents africains, quels qu’ils soient, de gagner leur vie en faisant ce qu’ils aiment », telle est la vision de cette plateforme.

Mylène a ainsi construit un réseau professionnel pour aider les créateurs à monétiser leurs compétences, atteignant plus de 100 000 talents dans plus de 100 pays. En plus de bâtir une communauté florissante, Mylène a conclu des partenariats internationaux avec des marques comme Facebook, Havas, MTN pour concevoir des campagnes d’engagement pertinentes pour les créateurs africains.

En 2021, l’entreprise a été reconnue comme une solution innovante pour les créatifs par Village Capital. En 7 ans, on peut dire qu’irawo a fait beaucoup de chemin. Et en janvier dernier, Mylène et son équipe ont lancé une nouvelle plateforme en collaboration avec des étoiles comme Maureen Ayité de Nanawax, Suspect 95 de la Cote d’Ivoire, ou encore la Camerounaise Paola Audrey de Boomplay.

Le conseil de Mylène Flicka aux parents, mais aussi aux jeunes est de croire en leur potentiel, « parce qu’au final, nous sommes tous des étoiles », dit-elle.

Visitez la plateforme Irawo ici

Danielle N.