Portrait cadre/Ceo : Strive Masiyiwa, PDG d’Econet Wireless, l’un des opérateurs privés les plus influents d’Afrique !
Ardent défenseur d’un discours positif sur l’Afrique, il est une source d’inspiration pour les jeunes entrepreneurs africains qui le suivent. Sélectionné deux fois par le magazine Fortune, en 2014 et 2017, parmi les 50 leaders les plus influents du monde, il est crédité par le magazine Forbes d’une fortune de 1,8 milliard de dollars. Portrait de Strive Masiyiwa, l’homme d’affaires zimbabwéen à la tête d’Econet Wireless, l’un des opérateurs privés les plus influents d’Afrique.
L’un des entrepreneurs phare de la transformation numérique du continent.
Ingénieur en électronique formé au pays de Galles, il a commencé sa carrière au sein de la société zimbabwéenne de télécommunications ZPTC. Alors que la téléphonie mobile n’en était qu’à ses tout débuts, il a persuadé le gouvernement du feu Robert Mugabe de lever le monopole d’État sur les télécoms, avant de fonder Econet Wireless en 1998.
Cette holding familiale cotée en Bourse, affiche pour sa seule filiale télécom zimbabwéenne un chiffre d’affaires de 832 millions de dollars en 2018. Le groupe, dont le siège se trouve à Londres, compte 5000 employés à travers 25 pays qui ne sont pas tous situés en Afrique, puisqu’il s’étend jusqu’à la Bolivie, la République Dominicaine, la Grande-Bretagne et la Nouvelle-Zélande.
L’homme d’affaires zimbabwéen cultive son flair sur les opportunités du numérique et des télécoms depuis Londres, sa base. Il possède un peu plus de 50 % de la société Econet Wireless Zimbabwe, qui fait partie de son plus grand groupe Econet. Masiyiwa possède également un peu plus de la moitié de la société privée Liquid Telecom, qui fournit des services de fibre optique et par satellite aux entreprises de télécommunications à travers l’Afrique.
Ses autres actifs comprennent des participations dans des réseaux de téléphonie mobile au Burundi et au Lesotho, ainsi que des investissements dans des sociétés de technologie financière et de distribution d’électricité en Afrique.
La Fondation Higherlife
Mise en place par son épouse Tsitsi Masiyiwa et lui, la Fondation Higherlife, soutient les enfants orphelins et pauvres au Zimbabwe, en Afrique du Sud, au Burundi et au Lesotho. Sur les vingt dernières années, il a payé les frais de scolarité de 250 000 d’entre eux. « Nous avons lancé la fondation avec ma femme dans un objectif pragmatique, à un moment où la crise générée par le Sida laissait des dizaines de milliers d’enfants non scolarisés et orphelins qui venaient frapper à notre porte », raconte-t-il à RFI.
« Nous nous sommes dit qu’il fallait les assister, sans quoi nous aurions une société instable à l’avenir », ajoute-t-il. « Nous avons aussi réalisé, il y a bien longtemps qu’il n’y a rien de mal à vivre bien, mais que l’on ne peut dormir que dans un seul lit à la fois, et conduire une seule voiture à la fois. Nous avons décidé de consacrer la moitié de nos revenus à la fondation, qui œuvre aussi dans la santé et l’agriculture », précise l’homme d’affaires qui a aujourd’hui 62 ans.
Particulièrement soucieux de bâtir des ponts entre l’Afrique et le reste du monde, et de faire émerger sur le continent une génération de jeunes diplômés, l’entrepreneur a déjà distribué plus de 100 000 bourses d’études et mis en place, avec le soutien de Barack Obama, un programme visant à envoyer de jeunes Américains en début de carrière travailler dans ses entreprises africaines.
Philanthrope global, membre de Giving Pledge aux États-Unis, engagé sur la question du climat, Strive Masiyiwa discute avec les leaders du monde entier. Administrateur chez Unilever et à l’Université de Stanford, en Californie, il a présidé jusqu’en août 2019, l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), et œuvré à la demande de Paul Kagamé à la réforme de l’Union africaine (UA) et la préparation de l’accord qui a permis de lancer cette année la Zone de libre-échange africaine. Il est aussi le seul homme d’affaires à siéger parmi une douzaine de chefs d’État au conseil d’administration de l’initiative Smart Africa, qui pilote la transformation digitale de l’Afrique.
Une nouvelle application pour le ramassage les ordures
C’est en répondant à une crise sanitaire liée au choléra au Zimbabwe, en 2018, avec un don de 20 millions de dollars mis en œuvre par des équipes de la Fondation Bill et Melinda Gates, que Strive a eu l’idée de mettre sur pied : un système de collecte des ordures à la demande des particuliers. « Au début, nous avons engagé un millier de jeunes pour ramasser les ordures pendant trois mois, pour mieux lutter contre le choléra. Ensuite, nous les avons organisés en coopératives, pour recycler les déchets. Une plateforme de type Uber a été créée, Clean City Africa, avec une application pour faciliter le ramassage des ordures, le recyclage et apporter un service d’eau propre. Elle compte aujourd’hui 250 000 clients, dont les besoins sont ainsi satisfaits ». Econet Wireless reçoit des appels de toutes parts, émanant de villes africaines qui veulent répliquer le système. « Qui sait ? C’est peut-être un business à 1 milliard de dollars, qui va résoudre le problème de villes qui ne collectent pas les ordures parce que personne ne paie l’impôt ! »
Sa page Facebook une autre richesse !
Depuis 2013, Masiyiwa consacre son temps à encadrer la prochaine génération d’entrepreneurs africains via sa plateforme Facebook, qui compte plus de 5,7 millions de followers. Un record pour un homme d’affaires ! Depuis plusieurs années, Facebook identifie sa plateforme comme celle ayant le plus d’abonnés parmi tous les chefs d’entreprise au monde.
En 2020, Masiyiwa a été intronisé par JA Worldwide au Global Business Hall of Fame et nommé parmi les 50 personnes les plus influentes au monde selon Bloomberg, les 100 Africains les plus influents du New African Magazine et les 100 Africains de l’année selon Mail & Guardian. Membre honoraire de l’Académie africaine des sciences, Masiyiwa a été sélectionné en 2014, 2017 et 2021 sur la liste des « 50 plus grands dirigeants du monde » du magazine Fortune.
Il a reçu des doctorats honorifiques du Morehouse College, de l’Université de Yale, de l’Université Nelson Mandela et de l’Université de Cardiff, où il a reçu sa formation d’ingénieur au Royaume-Uni.
Danielle N.