Portrait cadre/CEO : Dr. Leila Bouamatou, DG de la GBM, une pionnière dans un secteur durablement monopolisé par les hommes !
Elle dirige la banque paternelle, la Générale de Banque de Mauritanie (GBM). Femme de tempérament, elle a su redonner à cette banque ses lettres de noblesse. Portrait de Dr Leila Bouamatou, une femme leader qui s’assume.
Première femme à diriger un établissement bancaire en Mauritanie.
Authentique Africaine, de père mauritanien et de mère sénégalaise, Leila Bouamatou est une épouse et mère de deux garçons. Mais elle est également, dans l’histoire de son pays, la première femme à diriger une banque. Ayant grandi dans un environnement familial multiculturel et plurilingue, ce qui a beaucoup influencé son parcours scolaire, académique et professionnel, elle a suivi des études en différentes langues et obtenu divers diplômes dans différents pays. En effet, cette jeune femme est diplômée d’une école de commerce en Suisse, d’un master en Espagne et d’un doctorat aux États-Unis.
De retour en Mauritanie, elle prend les rênes de la banque paternelle. Elle fait ses premiers pas dans l’entreprise en 2009 en tant que responsable du Trésor. Et depuis cinq ans, Leila Bouamatou est Administratrice et Directrice Générale de la première banque mauritanienne de par sa capitalisation.
Selon elle, son paternel chez qui elle a beaucoup appris reste son mentor. « En l’accompagnant dans ses déplacements professionnels et dans ses réunions d’affaires, j’ai, ainsi, appris à me nourrir d’une culture fondée, principalement sur : le travail et la confiance en soi, la détermination à toujours aller de l’avant avec un niveau d’exigence élevé vis-à-vis de moi-même et de la légitimité de mon droit en tant que femme d’être leader dans ma société », révélait-elle dans une interview accordée à financialafrik.com
Un vent frais dans le management
Classée parmi les 10 personnalités africaines de moins de 40 ans les plus talentueuses dans son domaine par le magazine Forbes, Leïla Bouamatou est une experte en gestion financière, qui impressionne depuis plusieurs années toute la classe africaine du Business par ses visions progressistes et ses succès qui lancent un véritable défi aux perceptions, aux coutumes et aux normes qui confèrent à la femme un rôle subalterne.
Elle a réalisé un exploit en sauvant la prestigieuse banque de son père des très fortes pressions faites sur cette institution suite au différend qui a opposé son père à l’ancien président Ould Abdel Aziz. Elle a montré aux yeux de tous et surtout aux yeux de ses partenaires à travers le monde ses capacités de bonne gestion et de gouvernance, mais surtout ses aptitudes à mettre en place un système de digitalisation taillé sur ses ambitions qui a ouvert aux petites et moyennes entreprises l’accès aux crédits. Une première en Mauritanie.
Avec sa solide expérience dans le domaine de la finance internationale, elle a apporté un vent frais dans le management de cette auguste banque d’affaires qui n’avait jamais vu, auparavant, tant de modernisme. De fait, en dépit d’une conjoncture économique demeurée difficile depuis 2018, le total bilan de la banque a progressé de 11 % par rapport à l’exercice précédent, et est passé de la 10e position en 2018 à la 8e en 2020. Au niveau de la structure de l’actif, les créances sur la clientèle représentent plus de 74 % du total bilan, illustrant la vocation de la banque et son engagement en faveur du soutien à l’économie mauritanienne.
Au niveau du passif, les dépôts de la clientèle représentent plus de 61 % du total du bilan. Le produit net bancaire de l’année 2020 s’inscrit en hausse de 44 % sur trois ans à méthode constante, positionnant la banque à la 9e place.
« Je crois fermement en l’action individuelle, toute femme doit comprendre qu’être femme et leader est bien possible. »
Femme mauritanienne qui tient beaucoup à ses valeurs morales et religieuses, mais femme africaine qui tient beaucoup au progrès, Leila Bouamatou est convaincue que les femmes ne doivent pas accepter que les traditions ancestrales soient exploitées pour incarner la domination de l’homme. Au contraire, ces traditions doivent être utilisées comme une force libératrice, un catalyseur, afin de promouvoir le leadership des femmes africaines.
La lauréate du prix du « Banquier de l’année » des Financial Afrik Awards en 2021, croit fermement en l’action individuelle. Pour elle, toute femme doit comprendre qu’être femme et leader est bien possible. « On ne naît pas leader, on le devient ! Certes, des avancées notoires ont été enregistrées sur le plan de la représentation politique. Cependant, la participation des femmes dans les domaines économiques et financiers, notamment privés, demeure très timide pour ne pas dire plus », dit-elle.
Si elle n’a pas réussi à brader la présidence de la Fédération Mauritanienne des Institutions Financières, le plus important pour elle était de passer un message, de marquer la volonté et l’engagement ferme de la femme mauritanienne à participer à toutes les compétitions afin de recouvrer sa place et surtout de la mériter. « Franchement, je ne regrette rien et je suis, plutôt, ravie d’avoir osé secouer ce cocotier », dit-elle.
Leila Bouamatou a le regard tourné vers l’avenir. Si elle a hérité de son père le goût pour la banque, elle a emprunté son propre chemin qui lui a permis de créer un raccourci pour accéder au succès. Elle est tout simplement une fierté pour l’Afrique, le monde arabe et musulman et pour toute la nouvelle génération des femmes qui s’imposent sur la scène internationale.
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Danielle N.