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Les femmes, constituent-elles un potentiel pour les entreprises en Afrique ?

Pourtant victimes de discrimination, les femmes participent de manière très visible à l’économie du continent. Des données montrent même qu’à certains égards elles constituent un moteur économique plus puissant dans les pays africains que dans le reste du monde. Tandis que l’égalité des droits des femmes est désormais, en principe, reconnue en tout domaine, les chiffres témoignent pourtant de l’écart qui demeure encore entre les principes et les faits, entre mouvements vers l’égalité et inégalités persistantes.

Selon la Banque de Développement, les femmes représentent près de 70 % de la main d’œuvre agricole. Une preuve notoire de leur présence au cœur du développement du continent. « Aujourd’hui, l’Afrique est le continent où les femmes sont les plus actives sur le plan économique. C’est le continent où la participation des femmes au marché du travail est la plus élevée (plus de 60 %, supérieure aux taux des pays européens et occidentaux) et où l’entrepreneuriat féminin est le plus développé (24 % d’entre elles ont créé leur entreprise, contre 6 % en Asie et 12 % en Amérique). Porteuses d’un véritable dynamisme économique, elles sont en particulier présentes dans les secteurs de l’agriculture et de l’éducation, et se tournent davantage vers les nouvelles technologies et le digital », peut-on lire dans un article du journal la Tribune.

Cette réalité parfois méconnue n’empêche pas toutefois que les femmes en Afrique font face à des obstacles encore plus lourds qu’ailleurs. En effet, l’Afrique présente la particularité d’être le continent qui offre le plus gros déficit en termes d’emplois salariés, les femmes se retrouvant très largement sous-représentées vis-à-vis des hommes, tout particulièrement dans la catégorie des emplois supérieurs. Par ailleurs, les conditions générales de travail des femmes, notamment dans le secteur informel, qui peut représenter jusqu’à 80 % du tissu économique dans certains pays africains, sont moins bonnes que pour les hommes. Ainsi, les femmes en Afrique perçoivent des revenus inférieurs à celui des hommes.

L’inégalité dans l’accès au crédit et aux outils de financement

La réalité est que les femmes ont un accès plus limité que les hommes au crédit bancaire et autres outils de financement. Selon la Banque africaine de Développement (BAD), elles sont propriétaires de 48 % des entreprises en Afrique, mais elles ne représentent que 20 % de la population ayant accès à un compte bancaire. L’organisation estimait en 2019 que les besoins en financement non couverts pour les femmes entrepreneures s’élèvent à 42 milliards de dollars.

De fait, l’accès limité au financement contraint l’émergence et le développement des activités portées par les femmes. L’autofinancement, les associations informelles et formelles de crédit et d’épargne, telles les sociétés de micro-crédit, restent leurs sources de financement principales, avec les limites inhérentes à ce type de financement : risque de surendettement des bénéficiaires s’il est utilisé à d’autres fins ou contracté sans informations préalables, financement d’activités à toute petite échelle et de très faible croissance dont les bénéfices suffisent souvent à peine à payer un salaire minimal à l’entrepreneuse, etc.

Par ailleurs, on note que le niveau de formation des femmes est plus faible que celui des hommes. Par exemple, une femme qui tient un commerce peut vendre à perte, car elle manque de connaissances en comptabilité. Elle peut également stagner dans son activité, en raison de son manque de maîtrise des outils marketing. Cette carence a donc un impact majeur au niveau entrepreneurial, car avec un faible niveau d’éducation, il devient de fait plus difficile pour les femmes de diversifier leurs entreprises, de les faire grossir, de comprendre les codes des milieux dans lesquels elles exercent.

Pourquoi malgré les difficultés, les Africaines s’investissent-elles toujours autant dans l’entrepreneuriat ?

On voit bien qu’en Afrique, les femmes entreprennent. Parmi les multiples catalyseurs incitant à l’entrepreneuriat, la précarité économique vécue au quotidien par les femmes africaines apparaît comme un moteur puissant. De plus, les femmes qui entreprennent ont pour objectif prioritaire, outre de subvenir aux besoins de leurs familles, de « changer le monde », à la différence notable des hommes, qui eux choisissent très souvent l’entrepreneuriat pour être indépendants.

Elles se positionnent majoritairement sur la réponse à des besoins de société, d’où les nombreux projets liés à l’impact social, notamment dans l’agriculture, le social, l’éducation, le sanitaire etc.

Comment améliorer durablement l’attractivité et la qualité des projets entrepreneurials féminins en Afrique ?

Voici quelques solutions à prendre en compte : prioriser l’éducation et formations spécifiques dans le domaine entrepreneurial. Il s’agit donc d’insister sur les parcours de formation initiale, mais également de pouvoir proposer des formations spécifiques dans le domaine entrepreneurial, telles des formations-actions sur les principaux axes du futur métier de chef d’entreprise (vente, gestion, production, marketing, etc.)

La réduction des inégalités de genre. C’est un enjeu prioritaire dans l’objectif d’éradiquer la pauvreté et de réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Selon l’OIT, réduire les inégalités de genre permettrait d’augmenter le PIB du continent de plus de 4 % d’ici 2025. C’est aussi un enjeu social majeur, car les femmes utilisent la quasi-totalité de leurs revenus pour leurs enfants, soutenant ainsi le développement des communautés.

Il faut d’autre part renforcer les outils d’accompagnement à l’entrepreneuriat, qui visent à accompagner les « entrepreneuses en herbe » dans l’analyse et la mise en œuvre méthodologique du projet, en les aidant sur l’étude de faisabilité, l’étude de marché, l’ingénierie financière, la communication et les réseaux sociaux, etc.

Enfin, il faut faciliter aux femmes l’accès au crédit. Si les hommes et les femmes rencontrent des difficultés pour accéder aux sources de financement, les femmes ont manifestement des difficultés encore plus importantes, manquant souvent de garantie et d’expérience des crédits bancaires formels.

Alors, certes, nous sommes encore loin d’une égalité généralisée entre les hommes et les femmes dans la santé, l’éducation et la situation économique et sociale, mais une chose est sûre : l’Afrique regorge de femmes entrepreneurs, qui portent des projets ambitieux et dont le potentiel pourrait être libéré grâce à des actions relativement simples. Il faut qu’elles s’organisent ensemble pour faire entendre leur point de vue et faire évoluer les réalités législatives qui les freinent dans leur travail. Il faut qu’elles agissent collectivement en tant que force sociale pour impulser des changements de société, qui, in fine, bénéficieront au développement de l’ensemble du continent.

Danielle N.

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