Difficultés et inquiétude pour les PME ivoiriennes
Le rôle moteur que les Petites et Moyennes Entreprises (PME) jouent dans la croissance économique n’est plus à démontrer. Leur aptitude à créer des emplois décents, à contribuer à la réduction de la pauvreté est indéniable. Cependant, les PME africaines sont confrontées à de nombreuses difficultés. Celles-ci ne prospèrent pas en Côte d’Ivoire. 80 % d’entre elles finissent par mourir au bout de 3 ans d’existence, selon des statistiques officielles citées par Africa 24. Même si la volonté de densifier un tissu de PME formelles et compétitives figure au premier rang des priorités des autorités et des partenaires de développement, mais de nombreux défis persistent. Dans cet article, nous nous intéressons aux difficultés et à l’inquiétude qu’on se fait pour les PME ivoiriennes.
Selon le rapport « Doing Business 2017 » de la Banque mondiale, la Côte d’Ivoire se classe au cinquantième rang sur 190 économies dans le monde au regard de l’indicateur « Création d’entreprises ». En effet, l’ouverture du Guichet unique des formalités d’entreprises chargé de faciliter les formalités administratives relatives à la création, à l’exploitation, à la transmission ou à l’extension des entreprises, la simplification des procédures et la réduction des coûts et des délais, liés à la création d’entreprises, a joué un rôle important dans la facilitation du processus.
Sur la période allant de janvier à décembre 2016, le Centre de promotion et des investissements de Côte d’Ivoire (CEPICI) rapportait ainsi la création de 12 166 entreprises. Le pays enregistre ainsi un développement rapide de l’écosystème entrepreneurial avec une croissance au cours des trois dernières années des structures d’incubation, d’accélération et d’accompagnement des PME. Toutefois, la grande majorité des PME demeure encore informelle ou semi-formelle et de nombreuses difficultés entravent toujours la création d’entreprises formelles.
Difficultés et inquiétude
Les difficultés du financement de l’investissement. Passés les obstacles de la création, l’entrepreneur se trouve fréquemment confronté au problème de l’accès au financement de l’investissement. En effet, en dépit de la présence d’un secteur bancaire et financier diversifié en Côte d’Ivoire (institutions de microfinance, banques, assurances, fonds d’investissement et institutions de développement financier, dont la Banque africaine de développement (BAD), basée à Abidjan), peu de PME ivoiriennes bénéficient d’un financement extérieur.
Par ailleurs, l’absence de données et une concentration des programmes et des facilités de création d’entreprises autour d’Abidjan, constituent également une difficulté à ne pas négliger. En effet, compte tenu, entre autres, de l’importance du secteur informel, il n’existe pas de recensement complet et à jour du nombre de PME à travers le pays. En outre très peu de données existent sur le taux de survie des entreprises créées. Enfin, en dépit des efforts de régionalisation et de décentralisation, il persiste un « syndrome de la République d’Abidjan » avec une très forte concentration des programmes et des facilités de création d’entreprises autour de la capitale économique.
Une sensibilisation insuffisante et peu efficace autour des mesures de soutien aux PME et d’incitation à l’immatriculation fiscale des entreprises. Si le gouvernement ivoirien a mis en place une série de mesures concrètes visant à inciter à la création d’entreprises et à la formalisation, dont une prise en 2016 pour permettre aux entreprises jusque-là non déclarées de régulariser leur situation en faisant une déclaration fiscale, valant annulation de toutes leurs dettes fiscales antérieures, souvent mal informés et compte tenu d’un cadre fiscal et réglementaire parfois complexe, les acteurs du secteur privé, et en particulier les PME informelles, demeurent plutôt méfiants vis-à-vis de l’administration fiscale.
Comme autre difficulté, nous pouvons citer le manque d’informations concernant les structures d’accompagnement. Les PME ont réellement besoin d’information et d’accompagnement, afin de faciliter leur création et leur développement. Cependant, selon une enquête nationale réalisée par le cabinet de conseil et d’investissement Entrepreneurial Solutions Partners (ESP) auprès de plus de 4 000 entreprises dans dix villes du pays en 2016, 75 % des entreprises interrogées affirment ne pas connaître d’institutions fournissant du renforcement de capacités.
Au regard de toutes ces difficultés donc font face les PME ivoiriennes, il y a lieu de s’inquiéter pour leur survie. Mais il faut garder espoir, car ces dernières années, une attention particulière a été portée aux PME dans le cadre des programmes publics de développement. Le gouvernement ivoirien a multiplié les initiatives ciblant les PME : réformes pour améliorer l’environnement des affaires, création d’un fonds de 86 milliards de francs CFA dans le cadre du plan Phoenix dédié aux PME, création de l’Agence de promotion des PME, etc.
Le gouvernement continue d’améliorer l’environnement légal et institutionnel, notamment avec l’adoption, en août 2018 du nouveau Code des Investissements qui renforce les garanties, la promotion des PME et la célérité des procédures. De même, la loi sur le crédit-bail facilite l’accès des PME au financement, dans l’optique d’accroître les investissements.
En conclusion, les PME ivoiriennes comme beaucoup en Afrique subsaharienne, sont confrontées à de nombreuses difficultés notamment le manque de financement, le manque d’informations concernant les structures d’accompagnement, etc. Cependant, il y a lieu de garder espoir, car le gouvernement est à pied d’œuvre pour trouver des solutions et améliorer les choses.
Danielle N.