Portrait entreprise : la nationalisation d’Eneo (Energy of Cameroon) se confirme !
Il y a quelques semaines, le président de la République, Paul Biya, a instruit la mise en place d’un comité interministériel qui pilotera le processus de rachat des parts (51 %) du fonds britannique Actis chez l’énergéticien.
Après plusieurs mois de transactions, l’État camerounais s’est finalement résolu à racheter les 51 % de parts que le fond d’investissement britannique, Actis détient dans Eneo. En effet, selon une correspondance en date du 5 septembre 2023, du secrétaire général de la présidence de la République adressée à son homologue au sein du service du Premier ministre, Paul Biya a instruit la mise sur pied d’un comité interministériel chargé de piloter le processus de rachat.
Cet organe sera présidé par le ministre des finances Louis Paul Motaze, assisté de ses homologues de l’eau et de l’énergie, Gaston Eloundou Essomba et de l’économie, Alamine Ousmane Mey. Il s’agit du premier acte concretdu gouvernement camerounais dans le cadre de la nationalisation de cette entreprise après qu’Actis ait annoncé son intention de se retirer. Le rachat des parts d’Actis permettre ainsi à Yaoundé, déjà détenteur de 44 % des parts d’Eneo, de s’arroger désormais 95 % des droits de vote.
Une fois majoritaire au sein du conseil d’administration, la priorité de l’Etat camerounais sera sûrement d’enclencher un plan de restructuration pour remettre l’énergéticien sur les bons rails et d’optimiser l’approvisionnement en électricité dans le pays dont le taux d’accès est de 71 %. Le pays s’est fixé pour objectif d’atteindre une capacité de production de 5 000 MW en 2030 pour impulser l’industrialisation et devenir un pays exportateur d’énergie.
Eneo parmi les meilleures entreprises du pays voir même du continent africain
Malgré les difficultés financières qu’elle traîne, – l’entreprise, au 31 décembre 2022, avait une dette colossale de 700 milliards de F CFA auprès de ses fournisseurs (DPDC, KPDC, SONARA, EDC, SONATREL… et les banques locales) ; de réguliers bras de fer avec ses sous-traitants qui revendiquent des arriérés d’un montant d’environ 10 milliards de FCFA à Eneo S.A. ; les coupures d’électricité et délestages ; etc. – ceci ne l’empêche pas de figurer parmi les meilleures entreprises du pays voir même du continent africain.
En effet, dans le classement 2022 des 500 meilleures entreprises africaines en 2020, publié par le magazine Jeune Afrique, Eneo a progressé de 40 places et passe de 237e à 197e au classement général. Une performance reflétée par son chiffre d’affaires de 638,3 millions de dollars soit 394,5 milliards de F CFA.
L’entreprise que conduit désormais Amine Homman Ludiye a une vision d’investissement plus claire pour les années à venir, en contribution aux objectifs du secteur.
Relevons qu’Eneo Cameroon dispose d’un effectif dd 3.759 employés. Avec 1,5 million de clients (ménages et entreprises), soit 15 millions de Camerounais, l’entreprise est détenue (jusqu’au rachat des parts d’Actis) à hauteur de 51 % par le groupe Actis, 44 % par l’État du Cameroun, et à 5 % par le personnel.
Danielle N.
