Portrait Entrepreneur : Yannick & Gaëtan fondateurs d’Ymma, une marque de poupées à la peau foncée et aux cheveux bouclés
Dans les magasins, on y trouve généralement les poupées en une teinte : Claire. Pour changer les choses, Gaëtan Etoga et Yannick Nguepdjop, deux entrepreneurs camerounais ont fait le pari d’apprendre la diversité à tous les enfants afin de bâtir un monde plus inclusif, leur redonner confiance en eux et construire leur estime de soi. Leur faire réaliser qu’ils sont capables d’accomplir leurs rêves, qu’ils sont magnifiques tels qu’ils sont et surtout qu’en aucun cas, ils ne devraient avoir honte de leur couleur de peau. De fait, ils ont fondé Ymma. Portrait de deux papas qui souhaitent apporter de la couleur aux allées des magasins.
Alors que rien ne les prédestinait à une carrière dans l’univers du jouet, car Gaëtan est mathématicien et Yannick est ingénieur, c’est le rêve d’un monde meilleur pour leurs enfants qui les réunirent chez Ymma.
Amis d’enfance depuis le Cameroun, aujourd’hui co-fondateur d’une start-up, on peut dire que le destin de Gaëtan Etoga et celui de Yannick Nguepdjop était déjà scellé au regard de leurs parcours respectifs. En effet, après s’être un peu perdus de vue au Cameroun, ils se sont retrouvés en France puis se sont encore perdus de vue, pour finalement se rencontrer au Canada lorsque Yannick y est arrivé.
Les retrouvailles se sont fêtées, mais aussi des idées sont nées. Alors, ayant constaté le manque de poupées noires sur le marché, et ayant regardé la vidéo du célèbre « test de la poupée » du Dr Kenneth Clarke (Dans les années 1940, les chercheurs américains Kenneth et Mamie Clark ont conduit une expérience visant à étudier la perception des enfants afro-américains sur leur couleur de peau à l’aide de poupées. Lorsqu’il leur était demandé, quelle poupée était gentille, les enfants désignaient sans hésitation la poupée blanche. À l’inverse, laquelle était mauvaise ? Celle qui leur ressemblait.), les deux hommes se sont finalement lancé en affaire.
2020, l’année de la consécration !
Alors que le monde entier est frappé par la Covid-19, Gaëtan et Yannick font quand même le choix de lancer leurs activités. « On s’est dit que c’était le bon moment. Simplement parce qu’à ce moment, nous avons senti que tout était aligné pour qu’on se lance. À cause du confinement, on était coincés à la maison avec beaucoup plus de temps que d’habitude qu’il a fallu mettre à profit. Il y a également eu l’onde de choc provoquée par la mort de l’Américain George Flyod et le mouvement BLM (Black Lives Matter) qui a fait en sorte de susciter le débat, et a mis un peu plus de lumière sur ce que vivent les noirs en occident », a déclaré Gaëtan dans une interview accordée à Jeunesse du Mboa en 2021.
Leur première ligne de poupées ethniques, notamment teint caramel ou plus foncé, habillées de tenues colorées et confectionnées à la main au Cameroun, et coiffées de soyeuses boucles noires, bref, inspirées des cultures africaines voit alors le jour. Ymma qui signifie « femme forte » en Afrique de l’Est n’a que deux années et demie de vie, mais son impact est déjà très grand.
Les femmes à l’honneur
Début décembre, l’entreprise a dévoilé sa nouvelle collection nommée « Bissa » (qui veut dire « métier » en dialecte camerounais), qui se décline en poupées médecin, avocate et patronne d’entreprise. « Notre mission, c’est d’inspirer les enfants pour qu’ils rêvent grand. La société a tendance à faire croire aux enfants que telle chose est accessible pour eux et que telle chose ne l’est pas. On veut redistribuer les cartes et leur dire que tout est accessible, tant qu’on se donne les moyens d’atteindre son rêve » déclare Gaëtan, père de deux garçons.
D’ailleurs, dans leur entreprise, les fondateurs d’Ymma travaillez avec leurs femmes qui les aident de temps en temps par exemple avec la gestion des réseaux sociaux ou encore les relations avec la presse.
Promouvoir la culture camerounaise
L’entreprise Ymma promeut également la culture camerounaise à travers les noms de leurs poupées qui sont dérivés du nom de leur ville d’enfance, Douala. « À travers nos produits, nous voulons faire voyager le client, lui faire vivre une expérience, c’est la raison pour laquelle nos poupées portent des noms de quartier de notre ville d’enfance, Douala au Cameroun.Elles s’appellent : Priso : qui vient de Bonapriso, un quartier de la ville de douala qui, en langue « Duala » veut dire « la famille de Priso ». Sadi : qui vient de Bonamoussadi, un quartier de la ville de douala qui en langue « Duala » veut dire « la famille de Moussadi ». Béri : qui vient de Bonabéri, un quartier de la ville de douala qui en langue « Duala » veut dire « la famille de Béri. »
Par ailleurs, les tissus utilisés dans la confection des vêtements des poupées transportent à l’époque des royaumes et empires africains.
Soutenir l’économie locale
Outre leurs superbes figurines, les fondateurs d’Ymma soutiennent également l’économie de leur pays d’origine, le Cameroun. « En effet, nous utilisons des tissus produits et vendus localement en plus de participer à la création d’emplois en faisant confectionner nos vêtements sur place.»
Différents par leur histoire, les produits que proposent Gaëtan et Yannick procurent une expérience, en plus d’avoir un impact réel sur les communautés. C’est tout ceci qui fait leur originalité et leur permet de commercialiser leurs poupées (noires et métisses) dans un environnement fortement dominé par des marques qui existent depuis des années.
Pour l’heure, Ymma se concentre sur sa mission : inspirer tous les enfants ! « Nous pensons que tous les enfants devraient avoir des poupées de la diversité. S’ils ont l’occasion d’y être exposés en bas âge, ils seront plus conscients, en grandissant, que les personnes viennent en différentes formes et en différentes couleurs… »
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Danielle N.