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Portrait entrepreneur : Mamadou Sinsy Coulibaly, l’ancien patron des patrons maliens

Patron touche-à-tout et aux prises de position tranchées, Mamadou Sinsy Coulibaly est le fondateur du groupe Kledu, présent dans de nombreux secteurs d’activité comme le commerce, les assurances, l’agriculture, l’élevage d’autruches, le tourisme, les services, la communication et les médias, qu’il s’agisse de la radio ou de bouquets de télévision avec le groupe Malivision. Milliardaire, le natif malien innove sans cesse. Portrait.

À 67 ans, Mamadou Coulibaly est le président fondateur du groupe Kledu, son empire très diversifié s’étend de l’imprimerie numérique aux médias (Malivision, Radio Kledu, Kledu Events…), en passant par le tourisme (Tam Voyages), l’assurance, l’agrobusiness, la restauration, la distribution de courrier ou les nouvelles technologies. Il est un touche-à-tout de l’entreprise. Le groupe Kledu, qui porte le prénom de sa mère et de sa fille, emploie aujourd’hui un peu plus de 500 salariés et compte une cinquantaine de sociétés au Mali, dont la plus importante est Malivision.

Parcours

De 2015 à 2020, Mamadou a été président du conseil national du patronat du Mali. L’aventure ne s’est pas très bien terminée car en 2020, il conteste la validité des élections emportées par Amadou Sankaré qui entendait le succéder, se prévalant lui-même d’avoir remporté un second mandat. La crise a paralysé le patronat pendant près de deux ans jusqu’à l’élection à sa tête en 2022 de Mosadek Bali.

Ce parcours très riche, Mamadou Sinsy Coulibaly l’a débuté en étudiant à Bamako avant de partir en France. Des études d’abord sur la structure de la matière puis d’une école de commerce spécialisée dans l’automobile.

De retour de Paris dans les années 70, Mamadou crée sa première entreprise pour assurer la sécurité d’un supermarché. Quand ce contrat n’est pas renouvelé, le jeune entrepreneur s’envole pour les Etats-Unis ou il a eu l’idée de fonder une société de services funéraire à destination des diasporas africaines. Là encore, il ne tient pas en place et il revend sa société pour investir dans une compagnie aérienne reliant Miami à Haïti avant de revenir définitivement au Mali en 1979.

De retour au Mali, il lance Sahel Musique, une entreprise spécialisée dans la vente de matériel vidéo et prend des parts dans des sociétés immobilières, d’assurances. Au début des années 1990, après la chute du régime de parti unique, il participe à l’émergence du mouvement démocratique au Mali en investissant notamment dans les médias.

La Ferme Agricole Kledu

Site de 300 hectares, Mamadou y fait un élevage atypique : celle des Autriches. C’est la seule ferme du genre dans le pays. Le milliardaire a investi dans l’achat des éclosoirs derniers tri et le capital humain qu’il a fait venir de Corée. À cause du braconnage, l’Autruche avait disparu au Mali alors, l’homme d’affaire a dû se rendre en chine où il a retrouvé l’espèce originale du Mali.  

S’ils les élèvent par passion, il espère qu’elles pourront être rentables dans quelques années. Son projet est de faire de sa ferme un site touristique. Dans la ferme Kledu, Mamadou y élève aussi des tortues, des dromadaires. Il gère aussi la forêt classée de la Faya où il a décidé de développer ses activités touristiques. Sur les 80 000 hectares, l’entrepreneur veut créer un méga parc d’attraction et de loisir. Pour lui, c’est un investissement pour le long terme.   

Humble et décomplexé

De son expérience à l’étranger, il a ramené plusieurs choses donc son style vestimentaire unique au Mali : une casquette, des jeans et polo plutôt que des costumes ou es boubous au Bazin riche. L’entrepreneuriat étant son véritable credo, sa véritable passion, il indique faire confiance à son flair qu’au suivi des résultats financiers de ses entreprises. Un penchant qui l’amène très souvent à soutenir de jeunes entrepreneurs à la recherche d’un coup de pouce.

 Un libéral convaincu

L’ancien patron des patrons maliens enrage de voir l’économie de son pays se dégrader à mesure que le pouvoir perd le contrôle de la situation. Celui que l’on surnomme « Coulou » ne croit pas que les militaires soient en mesure de garantir plus de sérénité, déplore la corruption et l’absence de perspectives pour la jeunesse.

Fervent critique de la politique menée par la junte militaire au pouvoir au Mali, il dénonce un mauvais traitement infligé selon lui aux entreprises, les mauvaises conditions pour le commerce régional, une coopération inappropriée avec certains pays voisins. Mamadou Sinsy Coulibaly n’hésite pas à aborder les sujets les plus sensibles comme la lutte contre le terrorisme ou la corruption, l’un de ses principaux chevaux de bataille dans son pays.

D’après lui, la guerre menée par l’armée malienne contre les groupes terroristes inspire l’inquiétude. « Quand on est pauvre, on ne fait pas la guerre. Ce n’est pas comme cela que le Mali pourra résoudre ses conflits. Il faut aller vers le dialogue. Un pays qui ne fabrique même pas les chaussettes pour mettre aux pieds de ses soldats… Il faut penser aux 25 millions de Maliens dont certains ne mangent pas tous les jours », affirme-t-il au micro de RFI.

L’ancien mécanicien préconise le dialogue comme solution à cette crise et déclare que malgré les conséquences de cette dernière, il préfère toujours investir dans mon pays. Quand on lui pose la question de savoir s’il va se présenter aux prochaines élections que prévoit organiser la junte en 2024, Mamadou Sinsy Coulibaly se trouve vieux.

« (…) Je suis trop vieux. En revanche, je peux pousser de jeunes candidats qui répondront aux aspirations de la majorité de la population. »

Danielle N.

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