Portrait Cadre/CEO : Sébastien Kadio-Morokro, PDG Petro Ivoire

Issu d’une famille d’entrepreneurs, il est à la tête de Petro Ivoire, premier distributeur de produits pétroliers et dérivés en Côte d’Ivoire, depuis 2010. Sébastien Kadio-Morokro est à son si jeune âge, un leader, une source d’inspiration pour la jeunesse ivoirienne et africaine. Portrait.

Fils de Mathieu Kadio-Morokro, fondateur de la société, qu’il dirige actuellement, Sébastien Kadio-Morokro se considère comme un privilégié, car il reconnaît avoir eu beaucoup de chance de travailler dans l’entreprise familiale et d’exercer son talent. Mais ce dernier admet que le privilège a pris fin lorsqu’on lui a donné l’opportunité.

« Franchement, il serait vraiment malhonnête de nier que je suis un privilégié, quand on connaît le nombre de jeunes en Côte d’Ivoire qui sont très talentueux, intelligents et qui n’ont parfois pas la chance d’exercer leur talent. En cela, je reconnais, sans gêne que je suis un privilégié, car j’ai eu l’occasion d’exercer mon talent. Mais, après, lorsqu’on nous donne l’opportunité, le privilège prend fin et c’est le travail qui prend le relais. Mon privilège est d’avoir eu un espace pour développer mes idées et mettre en pratique ce que j’ai pu apprendre avant mon arrivée à Pétro Ivoire », déclarait-il dans une interview.

Parcours de Sébastien au sein de Petro Ivoire

Alors qu’il a pratiquement fait tous les services et occupé quasiment tous les postes. Même si cela s’est fait de façon un peu accélérée, avant d’intégrer Pétro Ivoire, Sébastien Kadio-Morokro a travaillé chez Total Sénégal où il était un véritable agent de terrain opérant sur les stations-service. Il a été pompiste pendant un moment. Cette expérience sénégalaise a été le début de son aventure dans la distribution de produits pétroliers.

« Tout notre métier commence par le service au client, notamment sur la piste. Il était donc bon que je m’y frotte », confie-t-il. De retour en Côte d’Ivoire, il a intégré le groupe Petro Ivoire. De fait, il a d’abord débuté, au poste d’auditeur interne pendant un an. Cette fonction collait à sa formation initiale et cela lui a permis d’avoir un aperçu du fonctionnement de l’entreprise parce que l’audit interne donne accès à tous les compartiments de la société.

Par la suite, il a été chef du service technique, une fonction à l’opposé de sa formation. Car il faut le préciser, Sébastien a un diplôme supérieur en monnaie et finances, qu’il a obtenu en France. « J’y ai énormément appris surtout en termes de management. Je me suis familiarisé avec tous les problèmes techniques et j’ai appris à raisonner comme un technicien face aux problèmes techniques. Ce fut une période de travail acharné, car c’est un métier adapté au profil ingénieur. Un financier qui se retrouve au service technique pendant un an, ça ne se voit pas tous les jours », dit-il. Une expérience qui lui a été très utile.

Poursuivant son ascension, Sébastien a occupé la fonction de directeur des opérations pendant deux ans. Il avait alors en charge la gestion de tout ce qui a trait à la mise en place des produits, la gestion de leurs stocks, la logistique, le service technique, la sécurité… Tout ce qui fait que leurs stations-services et les différents sites des clients industriels sont ravitaillés en produits pétroliers.

Dans le même temps, il a assuré l’intérim de la directrice commerciale. « J’ai ainsi cumulé les postes de directeur d’exploitation et de directeur commercial par intérim. Ce qui m’a permis d’explorer le volet managérial de l’aspect commercial. » La prochaine étape fut son accession à la fonction de directeur général adjoint en charge de l’exploitation et du commercial de  l’entreprise. Puis, en 2010, il a été nommé directeur général.

Il faut dire que Sébastien a fait quasiment tous les métiers de la société avant d’occuper le poste de directeur général, ce qui a été un gros avantage pour lui. Par ailleurs, il avait effectué des stages à la comptabilité où il a véritablement côtoyé les employés tout cela pour dire qu’il avait une bonne connaissance de l’entreprise avant d’en prendre les rênes.

Si le jeune chef d’entreprise a remplacé son père à la tête de l’entreprise, le choix de sa personne s’est fait naturellement. Car le père a vu en son fils quelqu’un de sérieux, qui voulait réussir. Aujourd’hui, même si c’est lui le Directeur Général de Petro Ivoire, il lui arrive de se référer à son père pour certaines décisions importantes.

« En ce qui concerne les grandes décisions et les grandes orientations, je me réfère toujours à lui. Dans tous les cas, il est toujours le Président du conseil d’administration du groupe. Et puis même pour des décisions assez importantes de gestion qui pourraient avoir un impact sur l’entreprise, je me réfère également toujours à lui. Mon père a une quarantaine d’années d’expérience, et il ne serait donc pas intelligent de ma part de me priver d’une telle expérience pour juste une volonté de pseudo-émancipation », confie celui qui était prédestiné à faire carrière dans un secteur comme la banque, mais qui a fait le choix de l’entrepreneuriat.

« Je dis toujours à mes équipes qu’il faut développer notre entreprise selon des standards internationaux en mettant en avant notre qualité, nos services, notre compétitivité et non le volet ivoirien de l’entreprise »

La distribution du pétrole, est un domaine hautement concurrentiel, prisé par les grosses multinationales en Côte d’Ivoire. Pour s’imposer dans le secteur, Pétro Ivoire a eu la chance selon le PDG, d’avoir un fondateur qui a travaillé pendant longtemps dans une multinationale.

« Il a créé Pétro Ivoire en reproduisant les mêmes règles, les mêmes standards internationaux afin d’affronter le marché à armes égales avec ces multinationales. Cela nous a permis d’avoir une fondation solide pour bâtir notre entreprise. »

Le marché impose donc de lui-même un certain niveau de performance. Si Pétro Ivoire est aujourd’hui l’une des entreprises ivoiriennes encore présentes dans ce secteur, c’est parce que ses dirigeants ont compris que s’ils ne fonctionnent pas comme ces multinationales, ils vont disparaître. « Je dis toujours à mes équipes qu’il faut développer notre entreprise selon des standards internationaux en mettant en avant notre qualité, nos services, notre compétitivité et non le volet ivoirien de l’entreprise. Si un client s’adresse à nous, il faut qu’il le fasse non pas parce que nous sommes une entreprise ivoirienne, mais pour la qualité de nos services et de nos produits, qui respectent toutes les normes de qualité et de sécurité. Ce sont ces détails qui nous valent de mener la concurrence sans complexe. »

Sa marque personnelle : opérer à l’international

Sébastien Kadio-Morokro est formaté pour gagner. Sa prochaine destination, c’est d’aller opérer à l’international. Il envisage de conquérir la sous-région qui reste le challenge auquel il tient pour répondre au défi de la mondialisation. Au-delà de ses 66 stations-services, implantées sur le sol ivoirien, Pétro Ivoire entend en ajouter d’autres et développer son activité de distribution de gaz. Le Directeur général de Pétro Ivoire, dans sa politique d’expansion, examine les opportunités d’affaires à l’étranger. Il vise la Guinée, la Sierra-Leone.

Véritable patron qui a toutes les manettes du pouvoir financier, un chef d’équipe, un leader, etc. Sébastien a un style de management plutôt participatif. Il aime apporter son aide à ses collaborateurs de telle sorte qu’ils soient épanouis et aient la latitude de proposer. « C’est vrai que je suis le patron à qui revient la décision finale, mais je ne suis pas le tout-puissant patron à qui on ne peut rien dire. Je me laisse évaluer par mes collaborateurs quand nous faisons le bilan annuel. Au début, c’était difficile pour eux. Mais au fil des années, ils ont fini par s’habituer à mon style. Ils savent que je n’aime pas l’à-peu-près, et qu’il faut que les choses soient bien faites. Mais, après, chacun est libre de donner son opinion », affirme celui qui a été élu « Meilleur jeune Chef d’entreprise de l’année » aux AFRICA CEO AWARDS 2016.

Quel homme est Sébastien Kadio-Morokro en dehors du cadre professionnel ?

En-dehors du cadre professionnel, Sébastien pratique le jogging après le travail pour se soulager du stress de la journée. Mais surtout le tennis, qui est sa passion première, lui confère un équilibre sur le plan professionnel. Parce que dit-il, le tennis n’offre pas au joueur une partie au gain nul. Soit on est gagnant, soit perdant face à son adversaire. Selon lui, c’est un sport qui forge en vous une mentalité de gagneur.

Par ailleurs très casanier, il aime rester auprès de sa famille, passer du temps avec elle. Alors, ses occupations après le boulot, c’est le sport, sa famille et ses amis. Et puis le dimanche, il va à la messe, pour bénéficier de ce volet spirituel également très important dans son fonctionnement.

Le suivre sur Linkedin.

Danielle N.