Portrait CEO Inspirant : Sara MASMOUDI, CEO du Groupe Kilani, industrie pharmaceutique tunisienne
Femme dans l’action qui œuvre pour son pays et pour son continent, Sarra Masmoudi est CEO des Laboratoires ADWYA depuis 2022, PDG de Teriak et du groupe Kilani, (conglomérat de sociétés pharmaceutiques, alimentaires ou encore des travaux publics). A l’image de la femme tunisienne, cet article vous dresse le portrait de l’influente patronne de l’industrie pharmaceutique.
Fruit d’une union entre un ingénieur tunisien et une professeure de philosophie suédoise, Sara Masmoudi est née et a été élevé en Tunisie. Elle démarre son cursus par des études d’ingénieur avant de rejoindre Polytechnique Montréal au Canada et de se spécialiser en génie industriel. “J’ai hérité en effet d’une culture assez riche, la Méditerranée et le Grand Nord, avec un croisement intéressant entre ce père ingénieur, comme moi, et cette mère littéraire. Puis, je me suis orientée vers des sujets qui m’intéressaient davantage, la gestion du changement, l’amélioration continue. Alors, oui j’ai eu un parcours avec deux facettes, comme ma double culture”, commente à chaque fois Sara.
Rentrée chez elle, une évidence !
Sara travaille quelque temps au Canada avant de rentrer chez elle. Selon elle, la question de rentrer en Tunisie ne s’est pas posée, c’était plutôt une évidence. Même si à cette époque-là, il était facile et opportun pour elle de rester au Canada. Mais elle voulait rentrer en Tunisie où dit-elle, “elle avait toujours été très heureuse”.
La jeune femme s’installe ainsi en Tunisie et intègre le groupe Kilani, dont font partie les laboratoires Teriak. “J’ai commencé par passer un entretien. Les dirigeants cherchaient quelqu’un pour s’occuper des finances, mais je voulais plutôt travailler dans le business développement. Ils m’ont dit ‘peut-être en février prochain’. Nous étions en octobre. C’était un petit groupe à l’époque, les deux fondateurs, deux frères, m’ont vraiment impressionné“, raconte-t-elle.
Des valeurs au premier rang…
Digne de confiance, les deux fondateurs lui ont très rapidement confié les plus hautes responsabilités, jusqu’à la direction du groupe. “La question de savoir si, en tant que femme, je pouvais assumer des responsabilités ne s’est pas posée une seule fois. J’ai commencé dans le business développement et au bout de deux ans, la direction financière du groupe m’a été confiée. J’ai signalé que ce n’était pas ma formation. La réponse a été : tu ne discutes pas. Point. Dès le début, nous avions une vision commune. J’ai alors pris la direction financière et à 32 ans, la direction générale. Ils ont eu le mérite de confier le développement d’une entreprise à une femme, qui n’avait que quelques années d’expérience dans l’entreprise“, confie Sara Masmoudi.
“Le point de départ, ce sont ces valeurs qui nous sont communes : l’envie de faire, le goût de l’excellence, les challenges, construire ensemble… La course au bénéfice ou l’appât du gain n’ont jamais été les motivations, premières. L’argent, c’est bien, mais ce n’est jamais l’objectif principal, ajoute-t-elle.
Et de conclure : “Les fondateurs, à mon avis, m’ont choisi, parce que leur maman a été une femme forte comme beaucoup de femmes tunisiennes. On ne le rappelle pas suffisamment, mais la Tunisie fait exception en la matière. Je suis souvent interpellée par des étrangers qui me posent la question si les hommes ne sont pas dérangés par le fait d’être dirigés par une femme.
C’est une question qui ne se pose pas en Tunisie. Je suis féministe à ma manière et je pense que la femme s’inhibe elle-même. Elle reste parfois dans le coin où on la cantonne. Le Tunisien globalement, et même les petits gens, sont fiers de la femme tunisienne. Je m’en rends compte quand, lorsque je regarde les informations en France, une fois par an à l’occasion de la journée de la femme, on rappelle les inégalités de salaires entre les hommes et les femmes. C’est un sujet qui n’existe pas en Tunisie.
La question se pose davantage en termes de compétence. Par exemple, au sein de l’entreprise, nous en sommes parfois à nous dire qu’il faut recruter des hommes. Les femmes sont excellentes. Ceci dit, cela ne doit pas devenir castrateur. Le fait est que si la Tunisie compte 11 millions de personnes en valeur, cela équivaut à deux fois plus, car hommes et femmes travaillent. Bien sûr, il y a encore des progrès à réaliser. Les femmes peinent à assumer leur pouvoir. Persiste sans doute ce couvercle traditionnel, qui convie la femme à se mettre en retrait.“
Après avoir conduit son groupe à la tête du marché local, Sarah Masmoudi mène aujourd’hui une autre aventure : l’expansion africaine. Elle est à présent DG de Cinpharm (Cameroun) et Cipharm (Côte d’Ivoire. Présidente de la Chambre Nationale de l’Industrie Pharmaceutique (CNIP), elle pousse ses pairs à “penser sud-sud”.
Les distinctions
Grâce à sa bravoure et à son parcours exemplaire, cette mère d’enfants, et influente patronne de l’industrie pharmaceutique a récolté de nombreuses récompenses : elle a été classée parmi les 50 femmes africaines les plus influentes par Jeune Afrique en mars 2017 ; elle a été classée parmi les 8 femmes les plus influentes en Tunisie en septembre 2017 ; elle figure dans le top 100 des “Healthcare Leaders 2023” de Forbes Middle East.
À propos du groupe Kilani
Acteur majeur dans les domaines de la santé, la beauté, le bien-être et l’hygiène en Tunisie et à l’étranger, Kilani Groupe est guidé dans son développement par la passion du métier, l’éthique et la satisfaction des clients et partenaires. Le groupe se positionne dans tous les secteurs de la chaîne de vie des produits : l’industrie, le commerce de gros, la distribution directe, le retail et les services.
En 2021, Kilani a développé ses activités dans le secteur de l’agro-alimentaire en partenariat avec Nestlé. Le groupe est présent en Tunisie depuis 1986 et emploie actuellement plus de 1700 personnes en Tunisie et à l’étranger.
Danielle N.
