Échos de la diaspora : Laetitia Ky, une artiste polyvalente aux sculptures fortes et engagées !
Elle s’est fait un nom avec ses sculptures capillaires saisissantes et engagées. Artiste et activiste ivoirienne, ses créations sont souvent utilisées pour s’attaquer à des tabous tels que l’image corporelle ou la politique sexuelle. Portrait de Laetitia Ky, une afro-féministe, porte-voix des sans voix.
Artiste, mannequin, militante, elle se considère comme une artiste en général, parce que tous les domaines qu’elle touche, que ce soit le cinéma, le modeling etc., pour elle, ce sont tous des formes d’art. « Je suis une artiste polyvalente, parce que je fais plein de choses et j’ai toujours été comme ça », explique Laetitia.
C’est donc depuis toute petite que Laetitia touche-à-tout. « J’adore l’astrologie, c’est peut-être mon petit côté gémeaux. Pour moi, créer n’a pas de limites. Je n’ai pas envie de me réduire à un seul domaine. L’importance des domaines dépend de la période. Il y a des périodes de ma vie où c’est d’abord artiste, sculptrice capillaire. Il y a des moments de ma vie où c’est l’aspect activiste qui est mis en avant. À d’autres moments, c’est autre, chose », dit-elle.
Ses « aventures capillaires », comme elle les appelle, remontent donc à son enfance. « J’ai dû améliorer plus d’une vingtaine de barbies », raconte celle qui a très vite constaté que les fameuses poupées avec lesquelles elle jouait n’avaient pas la même texture de cheveux qu’elle. Ses performances artistiques sont l’histoire d’une reconquête, d’une “réconciliation” avec son héritage africain. Ce n’est que lorsqu’elle a commencé à s’aimer en tant que femme africaine à la peau sombre qu’elle a voulu en apprendre davantage sur sa culture.
Star des réseaux sociaux
C’est en 2016 que l’artiste ivoirienne de 27 ans s’est lancée sur les réseaux sociaux. Mais ses publications obtiennent juste quelques réactions. Tout bascule en 2017, quand elle a commencé à grandir dans ma démarche. « J’ai commencé à poster des choses beaucoup plus détaillées, beaucoup plus artistiques. J’ai sculpté mes cheveux en forme d’une seconde paire de mains. Et cette seconde paire de mains était un peu en scène dans plusieurs activités différentes. Quand j’ai posté ça, c’est devenu complètement viral. C’est vraiment là que tout a commencé. » En un seul post publié cette année-là, elle passe de 2 000 abonnés à 20 000. Et son franc-parler continue de créer des adeptes, mais pas que. Elle aborde des sujets sensibles qui sont loin de lui attirer que des amis : le harcèlement, la sexualité, l’avortement, les violences faites aux femmes. Même devant la haine de certains commentaires, rien ne l’arrête.
Une écrivaine engagée
“Love & Justice”, le premier livre de Laetitia paru en mars 2022 est une invitation à faire connaissance avec la jeune femme qui sculpte ses cheveux. Publié aux éditions EPA, la jeune femme se raconte, évoque son art – ses sculptures capillaires – et ses combats, notamment en faveur des droits des femmes et la promotion « de l’amour inconditionnel de soi, de la transformation sociale et de la justice ». L’ouvrage, organisé en chapitres autour de ces trois thématiques, est à la fois une autobiographie, une exposition de son travail en 135 clichés et « un plaidoyer en faveur de la culture et de la beauté noire ».
Love & Justice est aussi l’occasion d’en apprendre davantage sur la carrière d’une jeune femme qui s’est intéressée au mannequinat pour financer ses cours de théâtre. Elle est devenue mannequin professionnelle en signant avec l’agence Elite en 2019. Puis actrice. « J’ai toujours rêvé de devenir actrice ». Le rêve deviendra réalité grâce à son compatriote Philippe Lacôte qui a réalisé « La Nuit des rois », le premier film auquel elle a participé.
En 8 ans à peine, la jeune artiste ivoirienne, icône du féminisme en Côte d’Ivoire et star des réseaux sociaux (pas moins de 6 millions d’abonnés sur TikTok et plus de 480 000 sur Instagram), a remporté le concours de l’agence Elite destiné aux influenceuses, joué les mannequins pour Marc Jacobs ou Burberry, écrit un livre autobiographique en textes et en images, « Love & Justice », publié aux États-Unis et en France (éd. EPA). Mais aussi représenté son pays à la Biennale d’art contemporain de Venise en 2022 et joué dans deux longs-métrages, « La Nuit des rois » de Philippe Lacôte et « Disco Boy » de Giacomo Abbruzzese, film primé à la dernière Berlinale. Pour compléter ce palmarès, elle a été à l’affiche de deux expositions parisiennes, « Des cheveux et des poils », au musée des Arts décoratifs, et à la biennale Photoclimat. Et elle continue sa trajectoire artistique…
Danielle N.
