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Échos de la diaspora : Fatou Diome, une perle rare, un esprit cosmopolite !

Elle est une femme de lettres, une écrivaine, une universitaire. Son monde, c’est donc la littérature, l’enseignement, l’écriture. Pourtant, rien ne la destinait à emprunter cette voie. Née sur une petite île proche du Sénégal, elle a appris le français en allant en cachette à l’école… Très vite, elle se passionne pour la littérature francophone. Arrivée en France, elle suit des études de lettres et de philosophie à l’Université de Strasbourg, financées à force de petits boulots. Son écriture, elle en fait une arme pour combattre les préjugés d’où qu’ils viennent, réfutant dans un même geste le racisme des uns, et la position victimaire revendiquée par les autres. Portait de Fatou Diome.

Les conditions de sa naissance, déterminantes pour son avenir

Née hors mariage d’un amour d’adolescent, Fatou Diome a été considérée comme un enfant du péché. Elle se faisait appeler la « bâtarde ». Une première expérience du rejet pour cette innocente qui n’avait rien demandé. Mais au lieu de se morfondre, Fatou considère être le fruit d’un amour total, libre, volontaire, décidée. Accueillie, acceptée et respectée par ses grands-parents maternels, grâce à qui, elle avait toujours la tête haute, elle granditsur la petite île de Niodior, dans le delta de Saloum, au sud-ouest du Sénégal.

En apparence, ce n’était qu’une petite fille comme les autres. Mais dans les faits, la petite Fatou ne fait rien comme les autres. Rebelle, elle va à l’encontre des lois établis dans la communauté. Son grand-père par exemple l’emmenait pêcher avec lui et rabrouait tous ceux qui osaient lui dire que la place d’une fille était plus à la cuisine qu’à la pêche.

Toujours en déphasage avec la communauté de l’île, elle décide d’aller à l’école pour y apprendre le français. Malgré le refus des siens, Fatou se rend à l’école du village en catimini. Cette situation dure jusqu’au jour où son instituteur parvient à persuader sa grand-mère de la laisser y aller. Elle développe alors une passion pour la littérature francophone.

La jeune fille quitte son village. Elle s’en va poursuivre ses études dans d’autres villes du Sénégal. Véritable battante, elle survient à ses besoins grâce à de petits boulots. Elle fréquente le lycée de M’bour et travaille comme ‘une bonne à tout faire’ en Gambie. Elle finit par faire ses études universitaires à Dakar. À cette période, Fatou Diome envisage de devenir professeur de français, sans jamais entrevoir de quitter son Sénégal natal.

Toutefois, à 22 ans, l’amour croise son chemin. Un Français s’éprend d’elle. Dans la suite logique des choses, elle se marie et d’un commun accord avec son époux, ils s’envolent pour la France. Les choses se mettent rapidement en place et elle se retrouve de l’autre côté de la rive. Mais grande est sa désillusion quand elle se retrouve face à une belle-famille ‘raciste’ qui ne l’accepte pas. Son mariage prendra un coup et Fatou divorce de son premier amour.

Elle se retrouve alors avec toutes les difficultés du monde sur le bras à cause de sa condition d’immigrée sur le territoire français. N’ayant aucune source de financement, elle travaille pendant les six (06) années suivantes comme femme de ménage pour financer ses études et vivre. En 1994, Fatou Diome pose ses valises en Alsace. Elle étudie à l’université de Strasbourg où elle termine son doctorat en lettres modernes.

Journaliste, institutrice ou écrivaine ?

Depuis l’école primaire, Fatou Diome rêve d’être journaliste ou institutrice. « Je voulais enseigner le français comme mon instituteur que j’admirais. Et je voulais aussi être journaliste parce que je voulais raconter la vie des femmes et aussi des enfants qu’on maltraite », indique l’écrivaine sur le plateau de l’émission Un monde, un regard. Une passion qu’elle a quand même pu un peu assouvir puisqu’elle a fait un reportage pour RTA au Nepal.

Finalement, Fatou choisit d’écrire des livres : « La préférence nationale », son premier, sorti en 2001 ; « Le ventre de l’Atlantique », en 2003 ; « Celles qui attendent », en 2010 ; « De quoi aimer vivre », en 2021 ; « Marianne face aux faussaires », en 2022, sont là quelques-uns.

Dans ses œuvres, elle dépeint souvent la France et l’Afrique. Son style s’inspire directement de l’art traditionnel de narration, tel qu’il est toujours connu dans l’Afrique contemporaine. Caractérisée par ses descriptions précises et originales, un humour impitoyable et un langage tranché, mais nuancé, elle dépeint un portrait inquiétant des difficultés d’intégration à la France. Ses récits sont harmonisés par des épisodes entremêlés de nostalgie et d’agrément au souvenir de son enfance au Sénégal.

Aujourd’hui, être écrivaine pour Fatou n’est pas un métier, mais plutôt un mode de vie. « C’est ma manière d’arranger le petit chaos intérieur que je peux ressentir parfois. C’est ma manière de poser des questions, d’essayer de comprendre le monde qui m’entoure, mais je ne me sens pas du tout professionnel écrivain, c’est quelque chose que je fais, mais même si j’enseignais, je faisais autre chose, j’écrirais quand même. C’est un besoin dans ma vie », indique-t-elle.

Ses prises de position, un coup de marteau…

Fatou Diome est une fervente défenseure du rôle de l’école et des valeurs républicaines. Elle se révolte contre les injustices. Alors que croît le populisme, Fatou Diome est souvent invitée à donner son opinion sur des sujets politiques et sociaux dans les médias télévisés ou dans la presse écrite. Elle prend entre autre une position ferme contre la montée du populisme avec le Rassemblement National en France. En sa position d’écrivaine, elle désire par ses livres rappeler les valeurs républicaines et humaines car, elle estime « qu’il ne faut plus se taire face aux obsédés de l’identité nationale ».

Elle prône également une coopération plus égalitaire entre l’Europe et l’Afrique. Elle estime que pour l’heure, l’Afrique n’est pas maîtresse de ses biens. L’Europe tire les ficelles d’une coopération inégale. L’écrivaine pense également que le complexe colonial reste persistant tant du côté des Africains que des Européens, ce qui empêche cette coopération d’être plus égalitaire. Elle défend l’idée selon laquelle chacun, peu importe son origine, devrait se sentir comme un être humain face à un autre être humain.

Dans ce sens, sans faire peser la responsabilité davantage à un continent qu’à l’autre, elle défend la nécessité pour les Africains de s’affranchir de leur statut de victime et pour les Européens de sortir d’une position de dominant afin de mettre fin aux schémas exploitant/exploité, donateur/assisté. Enfin, elle précise qu’aider une personne, c’est l’aider à ne plus avoir besoin de vous, en écho à l’aide au développement mise en place par les pays occidentaux en Afrique notamment.

Prix et distinctions

En 2005, Fatou Diome recevait le prix littéraire allemand LiBeratur. En 2017, l’écrivaine sénégalaise reçoit les insignes de doctorat honoris cause à l’Université de Liège, en Belgique. En 2019, elle est la lauréate du Prix littéraire des Rotary Clubs de langue française pour son roman « Les veilleurs de Sangomar ».

Danielle N.

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