Le secteur de la mode en Afrique est en plein essor. Plus le temps passe, il se ravive, se professionnalise, s’industrialise. Plusieurs marques arrivent déjà à faire du « Made In Africa » de bonne qualité et même de luxe. C’est le cas de la marque Lakelle qui offre des vêtements et des accessoires de qualité aux normes internationales en tirant parti de la diversité et de l’ingéniosité du 237 en tant « qu’Afrique en miniature ». Si vous voulez en savoir plus sur ce prêt-à-porter Made In Cameroon, lisez notre article.
Fondée en 2017 par les sœurs Sharon et Viola Welang, la marque Lakelle est désormais une référence au Cameroun et son succès va grandissant. En provenance de France, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire ou encore du Gabon, les commandes affluent à la sortie de chaque nouvelle collection, qu’il s’agisse de robes, jupes ou combinaisons, pour hommes, femmes ou enfants.
La marque de prêt-à-porter, conçoit des modèles de vêtements simples, chics, abordables et inclusifs pour les femmes, les hommes et les enfants en tenant compte de la morphologie « africaine ». En fabricant des vêtements qui aident à renforcer la confiance en soi, l’estime personnelle, Sharon et Viola comptent jouer un petit rôle pour faire avancer le continent et en même temps développer une industrie qui a tant de potentiel en Afrique, mais est sous représentée sur la scène mondiale : l’industrie du prêt-à-porter abordable au quotidien.
Comment l’aventure Lakelle a commencé
Sharon et Viola originaires de la région du nord-ouest du Cameroun, ont hérité de la « main » entrepreneuriale de leur grand-père maternel qui était cultivateur de café et qui faisait du commerce le long de la frontière Cameroun-Nigéria à une échelle significative et de leurs parents qui jusqu’à ce jour sont des entrepreneurs.
Tout commence alors en 2008 quand, de retour au Cameroun après des études de finance et entrepreneuriales aux Etats-Unis, Sharon travaille pour une société de téléphonie mobile. Mais la jeune femme peine à trouver des vêtements appropriés pour aller travailler. Elle qui avait ses habitudes chez Zara et H&M doit chercher ailleurs, car ces deux marques n’ayant aucun magasin au Cameroun.
« J’ai eu du mal à mettre à jour mon placard, j’avais le choix entre soit aller au marché local pour des produits d’occasion, soit attendre les vacances pour faire mes courses à l’étranger », explique-t-elle à notre confrère agenceecofin.
En discutant avec sa sœur Viola, installée au Maryland (Etats-Unis) de ses difficultés à se vêtir, l’idée leur vient d’ouvrir une franchise de ces marques au Cameroun. Sans se poser de questions sur les coûts financiers et la faisabilité logistique d’un tel projet, les deux sœurs écrivent au groupe H&M. Mais la réponse sera négative. Face à ce refus, les eux sœurs décident de réfléchir sur une marque de prêt-à-porter dont la fabrication des vêtements se fera au Cameroun. Le projet était né. Le nom est vite trouvé. Ce sera Lakelle, clin d’œil au personnage de Kelly, de la série américaine Santa Barbara, diffusée sur la CRTV, la télévision nationale.
« En 2017, nous avons décidé de nous lancer dans cette aventure consistant à proposer une mode simple, chic, abordable et adaptée au public africain », disent Sharon et Viola.
En-dehors d’être des passionnées de mode, elles n’avaient aucune expérience préalable dans l’industrie, mais ont retroussé leurs manches et travaillés. « Nous avons beaucoup appris et grandi (toujours apprendre et croître…) et nous sommes humbles et reconnaissantes de voir l’impact de LaKelle aujourd’hui », affirment-elles.
Ainsi, convaincus que l’Afrique de demain sera faite par des personnes conscientes, qui croient en leur capacité d’aller de l’avant, de faire bouger les choses, en créant une marque responsable à laquelle tout le monde peut s’identifier, les deux sœurs comptent jouer un petit rôle pour faire avancer le continent et en même temps développer une industrie qui a tant de potentiel en Afrique mais est sous représenté sur la scène mondiale. L’industrie du prêt-à-porter abordable au quotidien.
Une marque innovante
Ce qui fait de LaKelle une marque innovante, c’est son approche qui est de représenter les tendances actuelles de la mode en s’adaptant au consommateur africain d’une manière qui prend en compte l’économie, la morphologie et la culture. « Notre capacité à adapter nos processus à l’environnement, par exemple, nous avons intégré des sociétés de transfert d’argent telles que Ria, Wari, Moneygram, etc. dans notre écosystème de commerce électronique », indiquent-elles.
Donner au « Made in Cameroon » un autre sens
En 2020, Sharon et Viola ont réalisé une enquête sur la perception que les gens ont du « Made in Cameroon » et étonnamment peu en ont parlé comme représentant la qualité, pas nécessairement parce qu’il ne s’agit pas de produits ou de services locaux de qualité, mais parce que « Made in Cameroon » ou « Made in Africa » n’est pas synonyme de qualité.
« Nous essayons de jouer notre petit rôle en changeant ce récit », rassurent-elles. Et en ce qui concerne la production, ont un processus rigoureux allant de l’approvisionnement des tissus et de l’équipement à la sélection des employés. « Nous avons également construit de nombreux processus opérationnels, de la conception à la création de modèles en passant par la production pour garantir des produits finis de qualité. Nous avons toujours un travail en cours, car il y a toujours place à l’amélioration et nos objectifs quotidiens sont de trouver des moyens de s’améliorer. »
En 2020, Sharon et Viola Waleng ont lancé les collections homme et enfant. Les deux sœurs voient leur marque comme « le Zara d’Afrique, abordable et avec leurs particularités ». Mais il leur reste des défis à relever.
En effet, si aujourd’hui, la marque Lakelle connaît un succès grandissant, ses plus grands défis sont l’approvisionnement pour le tissu qu’elles font actuellement localement, ce qui limite leur capacité à montrer la gamme des styles. En conséquence, elles ont commencé le processus d’approvisionnement international. Elles ont également des problèmes de ressources humaines qu’elles essayent de résoudre dans le cadre d’un programme de formation et de mentorat.
Pour l’avenir, les sœurs Sharon et Viola ambitionnent de devenir une marque de prêt-à-porter de premier plan en Afrique, fabriquer et vendre au détail des vêtements de norme internationale en tirant parti de l’ingéniosité des Africains, mettant en valeur leur créativité, leurs talents et leurs capacités, changeant ainsi le récit.
Par ailleurs, elles projettent de construire une usine de fabrication à Douala et de se lancer dans la production d’accessoires et de produits de beauté. Et pourquoi pas, d’ouvrir des franchises Lakelle à travers l’Afrique, et même dans le monde entier.
Pour suivre le travail des fondatrices de Lakelle, rendez-vous sur :
Leur site internet.
Leur page Facebook.
Danielle N.
