Portrait Entrepreneur : Malamine Koné, fondateur de la marque Airness

Originaire du Mali, il est arrivé en France lorsqu’il avait 10 ans. Mais à l’époque, il ne prononçait pas un mot français. Aujourd’hui, cet homme a imposé sa marque dans la rue et sur les stades. Portrait de Malamine Koné, fondateur de la célèbre marque de sport Airness.

L’incroyable destin d’un ancien berger

Né en 1971 dans le village de Niéna au Mali, Malamine a vécu dans le pays qui l’a vu naître, pendant les dix premières années de sa vie. Très tôt, ses conditions de vie au village le responsabilisent. « Quand j’avais 3-4 ans, j’étais berger au village. Je courais partout, j’avais la bougeotte », raconte-t-il.

Lorsqu’il arrive en France, à l’âge de 10 ans, Malamine ne peut pas prononcer un mot français. Il va donc apprendre pour s’intégrer et ‘rattraper son retard’. Par ailleurs, le sport entre dans sa vie. Son père, les inscrits ses frères et lui au football. « Souvent, j’étais remplaçant, donc sur le banc de touche et cette situation ne me plaisait pas. Je m’en plaignais régulièrement. Les fois où je rentrais sur le terrain, je me prenais tout le temps des cartons », relate le créateur de la marque de sport Airness.

Pour le taquiner, son entraîneur de l’époque a soufflé l’idée, à son père, de l’inscrire à la boxe. – « L’année prochaine, ce n’est pas la peine d’inscrire Malamine au foot, mettez-le plutôt à la boxe, ça sera mieux pour lui pour canaliser son énergie ». Un an plus tard, cette rencontre « imprévue » avec ce sport de combat, aura eu raison du pré adolescent qu’il était. « J’ai découvert la boxe et j’ai vraiment aimé cet univers. J’ai appris, du coup, à canaliser mon énergie », dit-il.

« La boxe, c’est une école de vie »

Entre 1994 et 1995, Malamine Koné est champion de France amateur de boxe anglaise. Il est présélectionné pour les Jeux olympiques de 1996 à Atlanta, mais une blessure suite à un accident de voiture met fin à sa carrière sportive. Il connaîtra douze opérations du genou et une convalescence de près de cinq années. « J’avais le moral à zéro, mais malgré cela, je n’ai jamais perdu espoir de pouvoir réussir dans une autre activité », confie-t-il.

Alors qu’il réfléchit à sa reconversion, il caresse le rêve de créer sa propre marque de vêtements de sport et de l’imposer dans un univers dominé par de grandes multinationales telles que Nike, Adidas et Reebok. Il n’avait pourtant aucune aptitude particulière ni en dessin, ni en design, ni même en matière de commerce. Sur les rings, ses adversaires l’avaient surnommé « la panthère ». Il s’inspire donc de ce nom pour créer sa propre griffe et dessiner les quelques modèles de vêtements qui constitueront sa première collection. C’était une manière pour lui de rester dans le milieu sportif même s’il n’était plus athlète.

Même si pour beaucoup de pessimistes, son projet était voué à l’échec, parce qu’il semblait se lancer dans un pari fou, perdu d’avance, six ans après, il a réussi contre toute attente à faire d’Airness, la première marque française de sport.

Un rêve, une marque, Airness

« Airness, c’est Malamine, et Malamine c’est Airness ». La phrase revient régulièrement dans la bouche de ceux qui ont déjà croisé la route de la « panthère noire », comme il se fait appeler. Cette même panthère qui a trôné fièrement sur le maillot de Rennes, Nantes, Lille ou Valenciennes en L1, mais aussi Fulham en Premier Ligue, Boavista en Liga Sagres, Genk en Pro Ligue belge, Nancy en Pro A de Basket, ou encore Bourgoin-Jallieu en Top 14 de rugby. Il enchaîne aussi les contrats de licence avec les lunettes, parfums, cahiers… Airness est partout. Et le chiffre d’affaires explose.

Airness c’est l’histoire d’une marque faite de rencontres, de coups de cœur et de coup d’éclat, avec pour personnage principal Malamine Koné, un self-made-man franco-malien à l’esprit créatif et à la capacité de travail hors norme.

Une pensée pour sa terre-natale et les siens

Avec un chiffre d’affaires qui se compte en millions d’euros, un bureau situé dans l’un des quartiers huppés de Paris, dans son village, Malamine est considéré comme un demi-dieu. C’est l’incroyable destin d’un ancien berger qui est devenu l’une des plus grosses fortunes de son pays. Mais quand il est sur sa terre-natale, le jeune entrepreneur reprend du service comme tout le monde.

« Quand j’y retourne, je vois ces enfants qui occupent le poste que j’occupais à leur âge. D’ailleurs, moi aussi, je mets la main à la pâte et je travaille comme tous les villageois. Il m’est arrivé d’aller dans mon village d’origine avec mon équipe et tout le monde travaille sans exception. Même Guy Roux, ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, a travaillé, comme d’autres personnalités qui sont venues avec moi », relate le PDG.

Très attaché à son pays d’origine, œuvrer pour les personnes les plus démunies du Mali, cela va de soi. « J’ai créé une association, qui s’appelle Alliance pour la paix et la solidarité », informe Malamine Koné.

Celui qui croit que « seul le travail d’équipe paie », invite les Africains à se serrer les coudes et à avancer ensemble. Un exemple d’intégration, de réussite. « Si nous voulons aider la jeunesse africaine, nous devons nous battre tous ensemble dans la paix, pour une Afrique plus audacieuse, pour une Afrique plus ambitieuse, pour une Afrique plus créative, pour une Afrique ou l’union et la solidarité seront plus fortes que la misère et les conflits », déclarait-il dans son discours lors d’une visite à Niamey au Niger.

« L’argent n’a pas d’odeur, la réussite n’a pas de couleur ! »

Pour booster la jeunesse africaine, Malamine Koné l’invite à prendre des risques et à faire preuve de courage. « Qui aurait pu croire qu’un simple berger malien deviendrait un jour, un chef d’entreprise reconnu et respecté dans la fabrication et la distribution d’articles de sport ? Et surtout que sa marque de sport Airness deviendrait en seulement 6 ans, la première marque française de sport. N’ayez plus peur de l’échec, ayez le goût du risque, ayez le goût du défi, battez-vous pour vos idées, défendez vos rêves parce que si l’argent n’a pas d’odeur, la réussite n’a pas de couleur. »

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Danielle N.