Échos de la diaspora : David Mola, une belle réussite !
Crédit photo: David Mola, LinkedIn.
Il fait partie de cette diaspora dont le Cameroun en particulier et l’Afrique en générale devrait en être fier, tant pour son parcours académique que pour sa réussite dans le monde des affaires. Parti du village Djongdong, dans la région de l´Extrême-Nord du Cameroun, il a aujourd’hui une entreprise spécialisée dans l’énergie solaire en Allemagne. Voici le parcours de David Mola.
Voyage de Djongdong (Wina) à l’Allemagne
Né à Djondong, village isolé de la savane de l’Extrême-Nord, du Cameroun. Dans cette étendue aride, on est agriculteur de père en fils, question de survie. Peu de jeunes fréquentent l’école. Cependant, David Mola obtient un baccalauréat scientifique en 1990 et, suite à cela, une bourse pour étudier le génie civil dans une université technique allemande. Après avoir terminé ses études, il prévoit de retourner au Cameroun pour y construire des routes pour le compte de l’État camerounais, qui a financé sa formation. Cependant, impactée par la crise économique, les embauches dans la fonction publique ont été suspendues. « On m’a prévenu qu’il n’y aurait pas de poste disponible pour moi et que je devais chercher un emploi dans le secteur privé », se souvient-il. Il s’installe alors en Rhénanie-du-Nord et dirige, de 1999 à 2003, le constructeur d’engins miniers Neiweiser, où il est directeur de projets.
Il se lance en juin 2003 dans la création de la société MSI Mola Solaire International GmbH, qui se spécialise dans la production d’installations solaires connectées au réseau, la mise en place de systèmes solaires autonomes et hybrides, la production de composants photovoltaïques, et même la conception d’appareils domestiques (réfrigérateurs, lampes, pompes solaires)… Englobant l’ensemble du secteur, l’entreprise s’est également étendue vers l’éolien, les installations hydrauliques, la biomasse…
En 2008, il franchit une nouvelle étape en investissant 50 millions d’euros dans la création d’une deuxième entreprise, Mola Solaire Produktions GmbH, qui fournira la clientèle industrielle en lingots de silicium, un composé chimique utilisé à 94 % dans la production des cellules photovoltaïques. Il ne cesse de se déplacer, à la recherche de nouveaux marchés. Il aspire également à aider l’Afrique à se développer en lui apportant cette énergie dont la rareté entrave la croissance. « Je suis convaincu de la capacité des Africains à électrifier les moindres recoins, les villages les plus isolés du continent grâce aux énergies renouvelables. Avec tout le soleil dont elle dispose, l’Afrique pourrait même exporter ses excédents vers les continents voisins », s’enthousiasme-t-il.
Lorsque la crise financière éclate, l’entrepreneur Mola s’ajuste et diminue sa taille. Dans la majorité des pays développés, les politiques d’austérité ont été mises en place afin de retirer les avantages accordés aux entreprises du secteur des énergies renouvelables. En 2010, il a été contraint de regrouper ses deux entreprises en une seule, Mola Solar System GmbH (MSS), et de diminuer son effectif. La thérapie de choc a un effet bénéfique.
Contribuer au développement du continent
En 2012, l’homme d’affaires camerounais envisageait la construction de 200 mégawatts (MW) de centrales solaires au Mali. Les travaux du chantier pilote de 50 MW, qui devaient débuter dans la ville de Fana (à proximité de Bamako), devaient constituer la première centrale d’un parc qui en comptera 12. Un accord, prévu sur une période de trois ans, avec un montant total de 243 milliards de F CFA (370 millions d’euros), devait permettre de commercialiser l’énergie produite à la société malienne de distribution d’électricité. Le projet avait pour objectif de générer près de 200 emplois. David Mola envisageait aussi de construire une centrale de 64 MW en Mauritanie.
Et le Cameroun son pays ? David répond de manière claire à cette question lors d’une interview accordée à nos collègues de Camer.be en 2020. « En 1996 alors encore étudiant, j’ai appris qu’avec le solaire l’on peut électrifier tout un village, une ville, même un pays tout entier avec le solaire. Pendant cette même période l’Allemagne n’était qu’au début de cette technologie. A travers une association allemande au nom de Energiewende Ruhr e.V. qui luttait pour le solaire en Allemagne, j’ai créé un groupe de travail au nom de « Solarenergie für Kamerun » (qui veut dire « l’énergie solaire pour le Cameroun ». Comme un adage le dit : « charité bien ordonnée commence par soi-même ». Alors dès 1996, beaucoup d’entre vous n’étaient pas même encore nés, j’ai décidé de réaliser un projet d’électrification de Djongdong en commençant par l’école primaire et l’hôpital. Le projet était déjà financé. Avec le projet et le financement dans la poche, je suis rentré pour réaliser ce projet.
Arrivé au pays, ayant même l’autorisation du sous-préfet dans la poche, on m’a intimidé, retiré mon passeport, etc. et on a interdit la réunion prévue pour informer la population. Le projet a été politisé, bloqué et saboté.
En 2009 lors des JERSIC je suis encore revenu avec un autre projet d’électrification pour tout le Cameroun. Le dossier est bloqué jusqu’aujourd’hui. J’aimerais bien faire quelque chose pour mon village, mais je ne peux pas faire quelque chose si celui-ci ne veut pas que je fasse quelque chose pour lui. »
« Je vous prie d’aller demander à vos parents et grands-parents qui ont saboté le projet d’électrification en 1996, pourquoi Djongdong ou tout Wina n’est pas encore électrifié ? Prière d’aller demander à vos élites et votre gouvernement, qui ont bloqué le projet d’électrisation en 2009 pourquoi tout le Cameroun n’est pas encore électrifié ? Malgré toutes ces difficultés rencontrées, je ne cesse de travailler sur des projets similaires. Je vous assure et rassure que je suis à la recherche des solutions alternatives à l’instant même pour investir chez nous. Je ne suis pas rancunier et ne garde aucune haine contre personne, je suis tout simplement la volonté de Dieu l’Eternel Tout Puissant. »
De l’énergie solaire à la politique
Ayant pris la décision de soutenir son pays par tous les moyens, David Mola s’est engagé en politique grâce au mouvement « WE RENEW CAMEROON (WRC) ». Ses motivations sont de prévenir tout obstacle à ses projets à l’avenir et d’apporter son aide aux Camerounais. « Tout d’abord, vous devez comprendre que l’intérêt commun général compte plus que tout pour moi. Il compte plus que mon intérêt personnel. J’ai deux motivations principales: Première motivation : L’énergie est un produit stratégique. Sans la politique, il est difficile de réaliser ces genres de projet. Pour réaliser les grands projets dans ce secteur. Par mon entrée en politique et en cas de succès du mouvement WE RENEW CAMEROON (WRC), j’aimerais éviter que l’on bloque mes projets dans l’avenir. Ainsi je pourrai réaliser les projets bloqués et en initier d’autres.
La deuxième motivation est celle de vous aider. Je reçois beaucoup des doléances tous les jours à toute heure. Même si j’avais tout l’argent de ce monde, je ne pourrais pas satisfaire ces besoins. En plus je ne peux et veux pas seulement vous aider en vous donnant du poisson. J’aimerais vous apprendre à pêcher vous-mêmes vos poissons et gagner autant de poissons que vous aimez et comme vous pouvez.
Comme vous le voyez-même, mes motivations d’entrer en politique, c’est pour mieux vous aider contrairement à ce que vous auriez pu penser ou imaginer. Je vous prie de vous détromper que la politique, c’est seulement pour les autres, la politique c’est la main sale, etc. Si nous sommes apolitiques, c’est la politique qui va nous faire. C’est ce qui explique même le sous-développement de notre région. »
En dépit des obstacles et des obstacles, David reste déterminé à investir dans son pays. Il aspire à retourner dans son pays avec toutes ses connaissances et autres compétences, afin de les mettre au service des siens. « Je prie et espère que ce moment opportun viendra un jour », dit-il.
Danielle N.