Diaspora à l’honneur : Katia Kuseke et Noëlla Ligan font bouger le marché des exportations agricoles vers l’Europe avec Fresh Afrika
D’origine camerounaise et congolaise, Katia Kuseke et Noëlla Ligan ont créé Fresh Afrika, un service de livraison de panier de fruits, légumes et épices de saison, en provenance d’Afrique subsaharienne avec une traçabilité totale. Leur but est de faire bouger le marché des exportations agricoles africaines vers l’Europe et d’avoir un impact social positif sur le continent. Et côté traçabilité, elles ont choisi de s’appuyer sur la blockchain. Portrait de deux entrepreneuses qui cassent les codes.
Camerounaise et congolaise de naissance, elles vivent en France depuis respectivement 9 ans et 15 ans. Katia Kusek et Noëlla Ligan sont les co-fondatrices de Fresh Afrika by KayNo, les deux premières syllabes de leurs prénoms. Alors qu’elles ont profité du programme Tremplin, initié par la French Tech, dont l’ambition est d’aider des entrepreneurs qui ne possèdent pas forcément les codes à développer leur réseau et trouver des financements, elles en sont ressortis plus déterminées et avec une idée entrepreneuriale bien figée.
« Nous étions au stade de l’idée, sur un sujet de niche, tout en ayant un appétit de licorne, car on voulait changer les choses. Mais nous n’avions pas de porte d’entrée ni d’entourage dans l’univers des start-ups, qui nous semblait opaque ». C’est donc en lisant un article parlant du French Tech Tremplin qu’elles découvrent une passerelle possible. « Nous nous sommes toutes deux débrouillées seules pour faire des études et nous élever socialement », décrit Noëlla Ligan, titulaire d’un MBA en marketing et commerce, mais aussi photographe et vidéaste.
Ce qu’elles ont appris d’abord de ce programme, c’est avant tout que la mentalité d’entreprendre n’est pas innée. Elle s’acquiert et se travaille. « On fait et on s’adapte en cours de route, sans cocher toutes les cases. Aujourd’hui, on assume cet état d’esprit, d’essai permanent et notre ambition », explique Katia Kuseke. Grâce aux rencontres qu’elles ont pu faire au sein de Station F où elles étaient incubées, les deux jeunes femmes ont aussi appris à « oser », argue Noëlla Ligan : « Oser rencontrer des entrepreneurs inspirants et leur demander conseil, oser parler de son projet, oser échouer… »
Fresh Afrika, des produits tropicaux tracés sur la blockchain
Lancée il y a plus d’un an, Fresh Afrika est une foodtech spécialisée dans les produits tropicaux (épices, fruits et légumes). Concrètement, elle maîtrise toute la chaîne logistique, en allant sourcer les produits auprès de producteurs en Afrique subsaharienne, « au prix juste, sans négocier », insiste Noëlla Ligan. La start-up les ramène ensuite en France à travers les soutes à bagages des vols commerciaux. Elle fait des économies en évitant les intermédiaires et s’appuie sur la blockchain pour certifier la traçabilité des produits.
Fresh Afrika cible à 70 % des professionnels, en particulier les chefs gastronomiques, intéressés par « la qualité des produits et le storytelling », poursuit Katia Kuseke. Les deux femmes ne possèdent pas d’entrepôt et font transiter les produits à la commande.
À la question de savoir ce qu’elles apportent de nouveau sur le marché des produits tropicaux, Katia parle de la qualité des produits. « Aujourd’hui, on permet aux consommateurs français d’avoir accès à des produits qui viennent d’Afrique subsaharienne qui sont consommés comme on peut les consommer sur place. Donc c’est l’expérience qu’on veut redonner aux Français. »
« En plus, ce qu’on va rapporter, c’est la traçabilité et la transparence sur ces produits-là. Parce qu’actuellement, si vous vous rendez par exemple en grandes surfaces, il est difficile au niveau des produits tropicaux de savoir exactement dans quelles conditions ils ont été produits, par qui. Et nous, c’est ce qu’on apporte avec Fresh Afrika une transparence complète et une traçabilité sur l’acheminement des produits », renchérit Noëlla.
Les deux femmes, sont unanimes que l’agriculteur au même titre que le transporteur est un acteur central dans leur projet, dans leur blockchain. Katia et Noëlla, pour le développement de leur start-up en Afrique pensent qu’il doit se faire avec la connaissance des contraintes de chaque pays.
« Il ne faut pas oublier que l’Afrique c’est un continent avant tout, donc 54 pays, ça veut dire 54 réalités différentes. C’est de prendre connaissance du terrain, c’est aller sur place au-delà d’aller sourcer les producteurs directement. Nous aussi, dans chaque pays qu’on ouvre, on est obligé d’aller sur place, de rencontrer les administrations, voir ou ça bloque, où il peut y avoir des points bloquants et trouver des solutions derrière », dit
Fresh Afrika By KayNo dans le social
Fresh Afrika, c’est aussi financer des projets à impact. KayNo aide les producteurs à améliorer leurs conditions de travail et de vie en leur fournissant des équipements adaptés. La start-up participe également à la construction de crèches et d’écoles pour que les enfants ne soient pas dans les champs.
Les suivre sur LinkedIn : Noëlla; Katia.
Visitez Fresh Afrika ici.
Danielle N.