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Diaspora à l’honneur : Imane Ayissi de danseur de ballet à icône de la mode

Parti du Cameroun en 1992 pour s’installer en France, Imane Ayissi est de longue date un ambassadeur de son continent. Cet habitué des fashion weeks parisiennes depuis 2013 a lancé sa griffe en 2001 et est régulièrement invité à montrer ses créations lors de festivals en France ou à l’étranger. Ancien danseur pour le Ballet national du Cameroun ou la compagnie de Patrick Dupond, il a aussi défilé comme mannequin pour des grandes marques de luxe telles Givenchy ou Yves Saint Laurent. De tous ses arts, c’est bien le stylisme qu’il a poussé le plus loin. Il s’y est initié dès l’enfance en confectionnant des robes pour sa mère. Portrait.

il accède au club très fermé de la haute couture, un rêve devenu réalité, en 2020

Installé à Paris depuis plus de trente ans, le Camerounais Imane Ayissi est entré dans l’histoire de la mode en janvier 2020 en devenant le premier créateur d’Afrique sub-saharienne à défiler à la semaine de la haute couture de Paris (Fashion Week parisienne).

« Je n’ai pas envie de ressembler aux autres ou de faire de la copie. Quand j’ai été retenu dans le calendrier officiel, je n’y ai pas cru ! Je me suis dit “ils se sont trompés”. J’ai mis une semaine avant de répondre. Le jour du défilé, c’était très émouvant. Tout Paris était là pour m’accueillir. Il n’y avait jamais eu de Noir dans le calendrier officiel de la haute couture. J’étais le premier, donc. C’est une page de l’histoire qui est en train de s’écrire. Je suis entré dans la cour des grands avec mon petit nom », affirme-t-il.

S’il est aujourd’hui présenté à l’international comme la sensation des créateurs africains à suivre, sa carrière prolifique n’a pas commencé hier. En effet, depuis 1992, celui qui a fait ses classes en tant que danseur au ballet national du Cameroun, puis sur les podiums en défilant pour les plus grands noms tels que Givenchy ou Yves Saint Laurent, totalise plus de trente apparitions au compteur. Et une vingtaine de shows programmés dans des festivals de mode un peu partout dans le monde.

Imane Ayissi reste attaché à l’Afrique et au Cameroun en particulier

Bien qu’il soit installé dans la capitale de la mode, plébiscitée par les créateurs internationaux, le styliste camerounais ne néglige pas l’Afrique pour autant. « Quand je présente mes collections à Paris, je les dévoile juste après en Afrique, en collaborant avec des associations ou des fondations », affirme celui qui travaille avec le CCMC (Centre des créateurs de mode du Cameroun) depuis près de dix ans pour former et accompagner les jeunes stylistes du pays à titre bénévole.

Pour les créations de tissus exclusifs, le couturier collabore avec des ateliers textiles dans différents pays d’Afrique Subsaharienne en prenant soin, souligne-t-il, de « rémunérer correctement les artisans ». Il a initié un partenariat avec une coopérative au Burkina Faso – Xoomba- qui milite pour la production de fil de coton biologique et fabrique le Faso Dan Fani traditionnel et des gabardines de coton.

Du kenté du Ghana, faso dan fani en coton biologique du Burkina Faso, raphia du Cameroun et de Madagascar, associés aux étoffes précieuses de la Haute Couture Française (taffetas et satin de soie, crêpe de soie stretch), ses collections sont une invitation au voyage. « Les tissus produits en Afrique représentent 40 % des tissus utilisés dans mes collections », précise ce fils de boxeur.

Imane Ayssi, réalise des pièces sur-mesure, à la main, et a conservé intacte sa volonté sans faille de mieux faire connaitre le patrimoine textile des pays africains. « C’est important. L’Afrique a besoin de cela pour promouvoir les tissus africains que nous connaissons mal comme le Faso Dan Fani du Burkina Faso, les Kentes du Ghana et aussi de Côte d’Ivoire, les raphias du Cameroun, de Guinée équatoriale ou Madagascar, les Adirés du Nigeria, le Mon Mari est Capable du Cameroun. Il y en a énormément. Le monde les connaît mal parce que lorsque l’on parle de la mode africaine, nous ne voyons que les tissus imprimés qui viennent de Hollande. Je ne leur fais pas un procès. C’est une question de rééducation. Même dans ma famille il y a des personnes qui mettent ces tissus-là, mais je l’ai dit à ma mère : “jamais je ne vais te coudre une robe dans ce tissu, je te couds autre chose”. »

Les tenues d’Imane Ayissi sont ainsi puisées dans le riche patrimoine africain. Les défilés sont les moments pour lui de célébrer l’Afrique. Chacune de ses créations est une autobiographie de l’Afrique. « L’Afrique m’est très chère, et depuis longtemps, je ressentais un grand vide. Du Maghreb au Togo, en passant par le Mali, ces pays ont tant de richesses qui méritent d’être connues. Les designers doivent prendre le temps de faire des recherches, de retourner à l’époque ancienne, de découvrir des pratiques et textiles oubliés, parfois en voie de disparition », déclare-t-il dans une interview accordée à afriquemagazine.com.

Des célébrités se l’arrachent

Les actrices Angela Bassett, Zendaya et Aïssa Maïga ainsi que l’athlète Marie-José Pérec ont sollicité ses talents. Mais sa première muse était sa maman, hôtesse de l’air sur Air Afrique puis Air Cameroun, danseuse, puis Miss Cameroun 1960, dont il coupait et recousait les robes.

Né à Yaoundé en 1968, Imane Ayissi fait ses armes chez le couturier Blaz Design, puis poursuit en autodidacte. Également danseur dans la troupe familiale, il se produit au sein du ballet national, puis en France, notamment pour Patrick Dupond et Yannick Noah. Amateur de Madeleine Vionnet, de Christian Dior ou du Malien Chris Seydou, ce touche-à-tout, auteur de deux livres de contes, a présenté sa première collection en 1993, en confectionnant de ses mains propres, plus de 120 robes.

Danielle N.

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