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Portrait entrepreneur : Wissal Ben Moussa, cofondatrice de Sand to Green

Cofondatrice de Sand to Green, une start-up qui ouvre la voie à la révolution agricole dans le désert, elle rend possible l’impossible en cultivant le désert depuis cinq ans maintenant. Portrait de Wissal Ben Moussa, celle qui veut fleurir les terres arides !

Originaire de Guelmim, une ville du centre-ouest du Maroc, Wissal Ben Moussa est issue d’une famille d’agriculteurs qui a toujours pratiqué l’agriculture à Guelmim. « J’ai ainsi grandi proche de la nature et j’ai très vite voulu comprendre comment ce monde fonctionnait », confie-t-elle.

Ingénieure en industries agroalimentaires de l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II de Rabat, elle développe, au fil des années, une sensibilité pour l’environnement. « Ma prise de conscience a été croissante, » assure-t-elle. « Par exemple, ma participation au SIFE (Student In Free Enterprise), dénommé aujourd’hui Enactus, – communauté d’étudiants qui s’engage à utiliser l’entrepreneuriat pour améliorer les conditions de vie- m’a permis de toucher du doigt les problématiques liées au monde rural comme le manque d’eau et l’exode rurale. »

À travers cette expérience estudiantine, Wissal a notamment travaillé avec les coopératives rurales. « À ce moment-là, j’ai su que je voulais aider les gens durablement et éthiquement, mais je ne savais pas encore de quelle manière », affirme-t-elle. Après son premier diplôme en poche en 2012, elle s’envole pour Paris pour des études au sein de la prestigieuse AgroParisTech où elle obtient un Master en Management de l’innovation dans les agro-activités et les bio-industries.

Retour aux sources

De retour au Maroc, elle est embauchée dans une multinationale spécialiste de l’agroalimentaire, un travail qui va s’avérer être à l’encontre de ses convictions. En effet, elle est témoin des dérives industrielles sur toute la chaîne de valeurs. « J’avais envie de mettre en cohérence mes aspirations personnelles, ma prise de conscience écologique, et cette envie de vouloir faire une différence », déclare Wissal Ben Moussa qui, après avoir ‘supporté l’impossible’ pendant trois longues années, va décider de quitter le monde de l’entreprise sans avoir encore de projet concret en tête. « Le lendemain de ma démission, j’ai appelé mon père pour lui poser quelques questions sur un terrain familial qu’on a baptisé par la suite Domaine Nzaha », se souvient-elle. « Je lui ai notamment demandé si, à son avis, je pouvais tenter de cultiver des plantes aromatiques sur un terrain en repos depuis si longtemps. Il m’a juste répondu : essaie. » Et c’est ce qu’elle fera.

En septembre 2017, la jeune femme s’installe à la ferme et retape, avec l’aide d’un ouvrier, le hangar avant de s’attaquer à l’exploitation. « Nous nous sommes tout d’abord concentré sur 1000 m2 puis 1 hectare, 3 ha, avant d’avoir une vision claire pour les 26 ha que compte notre terrain », explique-t-elle.

« Les débuts ont été laborieux car je n’avais pas la main verte ». Pour apprendre à cultiver, Wissal Ben Moussa dévore se documente. « C’est quand je suis tombée sur un livre de permaculture, que je m’y suis retrouvée. La permaculture est un concept qui repose sur trois piliers : prendre soin de la nature, des Hommes et partager équitablement les ressources et les récoltes. »

Wissal prend alors le temps d’étudier son écosystème : son soleil, ses vents et son climat semi-aride. Après un examen minutieux et des conseils éclairés de plusieurs membres de la communauté permacole, elle parvient à nourrir sa terre, lui donnant l’apport nécessaire pour qu’elle retrouve toute sa vitalité. En une année de tests, elle réussit à faire pousser des légumes biologiques à partir de semences locales et paysannes, non traitées et sans OGM, en utilisant des engrais naturels. « Le retour des papillons, coccinelles et autres petites bêtes a été notre meilleur indicateur », indique-t-elle.

« Un de mes objectifs est de montrer qu’on peut faire de l’agriculture, créer une chaîne de valeur très intéressante, et instaurer tout un circuit autour de cette agriculture sociale et solidaire qui va aider à valoriser le métier d’agriculture, la région et le monde rural. »

Au-delà de la production maraîchère et de plantes aromatiques biologiques, le Domaine Nzaha a pour vocation de créer une dynamique avec la population locale en proposant une alternative écoresponsable et de qualité. « J’ai imaginé le domaine comme une sorte de laboratoire à ciel ouvert dans lequel on testerait des méthodes, de nouvelles variétés et des approches peu connues en agriculture conventionnelle. Souvent, nous repensons des techniques ancestrales ou nous importons des méthodes de contrées semblables, et nous les adaptons à nos spécificités locales », décrit-elle. Une démarche qui a conduit le Domaine Nzaha à nouer des relations de partenariat avec plusieurs acteurs locaux comme Dar Si Hmad, une ONG très active connue notamment pour son projet « DBABA – CloudFisher », un équipement lowtech de capteurs permettant de collecter l’eau de brouillard au sommet de la montagne Boutmezguida à Ait Baamrane afin de pallier le manque d’eau qui affecte les communautés locales de plusieurs villages avoisinant cette montagne.

Riche de sa formation et de ses expérimentations au niveau du Domaine Nzaha, Wissal Ben Moussa a formé sous la tutelle de Dar Si Hmad, une vingtaine de bénéficiaires issus de différents douars et oasis à côté. La jeune femme a notamment reçu le 2e prix « Terre de Femmes Maroc 2021 » de la Fondation Yves Rocher pour son parcours volontaire. « À travers le Domaine Nzaha, je prouve qu’il est toujours possible de créer un monde meilleur, sain et éthique, résistant aux aléas climatiques », lâche cette héroïne qui œuvre ainsi pour la biodiversité en faisant la promotion d’un modèle de développement protecteur pour l’environnement.

Succès et perspectives d’avenir

Les résultats de Sand to Green sont remarquables. Au cours d’un essai de cinq ans sur une superficie de cinq hectares dans le sud du Maroc, ils ont testé une variété de plantes pour identifier celles les mieux adaptées à cet environnement. Le prochain objectif est d’étendre le projet à un site commercial de 20 hectares, également dans le sud du Maroc. Les techniques de la start-up pourraient être très utiles dans des pays comme la Mauritanie, le Sénégal, la Namibie, l’Egypte, dans la péninsule arabique, dans certaines régions des États-Unis et sur les côtes mexicaines. « Nous pouvons aller n’importe où dans le monde, à condition d’avoir accès à de l’eau saumâtre. La bonne nouvelle est qu’il y en a beaucoup le long des zones côtières », confie Wissal Ben Moussa.

Danielle N.

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