Portrait entrepreneur : Ahoua Touré, la talentueuse pâtissière ivoirienne à la tête de la Maison Mandjou
Elle est ivoirienne et première femme ouest-africaine à entrer à l’Académie culinaire de France. Cuisinière, pâtissière autodidacte, Ahoua Touré n’a que 28 ans et a fondé son entreprise, la Maison Mandjou, une marque de biscuiterie fine, salon de tisane et traiteur de luxe 100 % ivoirien et Africain. Portrait d’une ambassadrice du patrimoine africain qui a soif de réussite.
Pour comprendre le choix Ahoua Touré de faire carrière dans la gastronomie, il faut remonter à son enfance. Digne fille de sa mère, elle-même véritable cordon bleu, Ashoua démontre dès ses 10 ans, de véritables talents culinaires. Elle exprime d’abord son enthousiasme pour la discipline en s’imprégnant des recettes et astuces de sa maman, avant d’y apporter, très vite, une touche personnelle.
Au fil des années, Ahoua grandit et sa passion aussi. Guidée par son palais et son odorat, elle fait de sa cuisine un laboratoire de créativité. Guidée par son intuition et ses émotions, elle concocte des menus qui ont vocation à sortir de l’ordinaire. Devenue au fil des années une restauratrice appréciée et respectée par ses clients, sa seule limite, désormais, est le ciel.
Hibiscus, gingembre, pain de singe : Ahoua Touré met en avant les saveurs et les produits du terroir. « J’utilise principalement de la farine de riz locale et des matières premières locales », confie-t-elle. Ses produits viennent de la Côte d’Ivoire, plus précisément de Bonoua, et la jeune entrepreneure ne travaille qu’avec des prestataires locaux qui sont principalement des femmes, qui travaillent avec des types de coopératives à l’intérieur du pays.
Elle apprivoise ainsi des produits du terroir ivoirien pour en faire des concepts avant-gardistes comme des tartes au café ou encore à la cannelle ; des gâteaux à base d’hibiscus ou de riz. Pour les tisanes de la Maison Mandjou, elle s’écarte du goût consensuel des infusions de feuilles et propose plutôt des mélanges de fleurs exotiques, de fruits ou d’écorces d’arbres, qui transportent les heureux consommateurs dans une aventure ancestrale et authentique. Ses créations racontent une véritable histoire.
« “Mandjou”, c’était le surnom de l’illustre guerrier Samory Touré, qui lui a été remis en hommage par le peuple de l’empire Wassoulou. Pour ce peuple-là, Mandjou symbolisait la gloire, la richesse, l’indépendance, la royauté, la divinité, le leadership, et surtout, l’humilité », explique Ahoua. Sur le package de chacun de ses produits, elle met de ce fait en avant une personnalité emblématique de l’histoire de la sous-région.
Son entrée à l’Académie culinaire, une aubaine !
Ahoua Touré, a été intégrée à l’Académie culinaire de France, une prestigieuse institution, il y a juste quelques semaines. La jeune chef d’entreprise spécialisée dans la biscuiterie à Abidjan est devenue la première Africaine à intégrer cette institution. Intégrer l’Académie culinaire représente, pour Ahoua, un signe de reconnaissance. Elle espère ouvrir des portes à d’autres jeunes talents ivoiriens.
Un parcours atypique…
Après une formation de Directrice Artistique, réalisée à l’école de journalisme de l’université de l’Oregon aux Etats-Unis, Ahoua Touré regagne son pays d’origine, la Côte d’Ivoire, en 2017. Elle y occupe de 2018 à début 2020, les postes d’Assistante de direction à la Société Ivoirienne de Riz, de Chargée de mission et de Directrice de communication au ministère de la Promotion de la riziculture. Elle fait également ses preuves en tant que Directrice commerciale au sein de la Société ivoirienne de transformation d’anacarde.
En avril 2020, guidée par la passion, elle décide de changer d’itinéraire pour se consacrer à la gastronomie, et en faire son cœur de métier, d’où la naissance de la Maison Mandjou, il y a trois ans.
Danielle N.