Diaspora à l’honneur : Karen Adédiran Nganda, fondatrice de « Les Icônes de Kimia »
Fondatrice de la marque « Les Icônes de Kimia », qui célèbre l’héritage culturel de l’Afrique auprès des enfants, Karen Adédiran Nganda est d’origine capverdienne et sénégalaise (Yoruba). Afro optimiste, elle est passionnée d’éducation et d’Afrique, et se veut agent du changement positif. Portrait.
Parcours scolaire et professionnel
Née au Sénégal où elle a passé les 18 premières années de sa vie, Karen Adédiran Nganda est aujourd’hui basée à Paris. Titulaire d’un Master1 en communication politique et d’un Master 2 en Gestion de projets, son mémoire de fin d’études portait sur les atteintes aux droits de l’enfant, avec un focus sur les enfants talibés au Sénégal.
Sa passion pour l’Afrique, elle l’explique par l’ancrage à la terre, la connexion. « L’enracinement est quelque chose de profond que l’on ressent, et qui ne s’explique pas. L’Afrique est pour moi une source de vitalité. Je me sens bien à ma place, dans chaque pays du continent que j’ai eu l’opportunité de découvrir », indique-t-elle dans une interview accordée à notrevoix.info.
Karen participe en 2017 au lancement de « Voix des Jeunes Diaspora » un programme mené par Social Change Factory dont le fondateur est Sobel Aziz Ngom. L’objectif : « Transformer la jeunesse en citoyen penseur et acteur du progrès. » En 2018, elle crée une page sur Instagram @afroconscience qui est aujourd’hui suivi par plus de 30 000 personnes. Autodidacte dans ce domaine, elle met à disposition de sa communauté chacune des sources sur lesquelles elle s’appuie.
« J’ai décidé de jouer ma partition, à mon échelle tout simplement. Pourquoi toujours tout attendre des autres ? La création de ma page afro conscience est partie d’un constat simple : les ressources sont là, les écrivains aussi, mais le manque de diffusion et d’études de certains historiens et/ou auteurs créent un réel manque au sein de nos communautés. Au gré de mes recherches, j’ai décidé de partager mes découvertes et quel fût ma surprise lorsque cette page pris tant d’ampleur. C’est bien la preuve que le besoin est réel et manquant sur le marché concernant l’Histoire de l’Afrique très globalement », explique la jeune dame.Elle a concrétisé ce projet d’éveil des consciences avec un focus jeunesse à travers son premier livre : « Les Icônes de Kimia ».
« Les Icônes de Kimia », l’histoire de personnages clé africains
Le premier tome de ce livre invite à voyager dans le temps à la découverte de 10 icônes inspirantes qui, de par leurs combats et leurs convictions, ont durablement impacté des générations. On y trouve ainsi : Thomas Sankara, Frantz Fanon, Nefertiti, ou encore Winnie Mandela.
À travers « Les icônes de Kimia », hors mis de célèbre l’héritage culturel de l’Afrique auprès des enfants, le livre parle aussi de la culture, de l’éducation et de la jeunesse. Karen Adédiran a choisi une petite fille répondant au nom de Kimia comme personnage emblématique pour pallier le manque de représentation positive des enfants noirs dans la littérature jeunesse.
Kimia aborde ainsi des problématiques telles que le collorisme et l’assimilation avec des mots simples. Elle revient sur des notions comme l’autodétermination et l’intégrité et propose des perspectives aux jeunes lecteurs. Le Quizz à la fin du livre le rend interactif et pédagogique. Kimia demande aux lecteurs de se projeter : « Que rêves-tu d’accomplir dans la vie ? » demande-t-elle.
Un bestseller ?
À sa sortie, le livre a été accueilli de manière spectaculaire au-delà des attentes de l’auteure. « Le jour du lancement, j’ai dépassé des dizaines de commandes en 12 h. J’ai sous-estimé la demande et j’ai dû prévoir un second tirage moins d’un mois après le lancement. J’ai eu des centaines de messages de parents et d’enfants qui me remercient pour ce travail de vulgarisation de l’Histoire. Que ce soit des Africains ou des personnes d’autres cultures qui souhaitent avoir une bibliothèque diversifiée », indique Karen.
Le tome 2 de « Les icônes de Kimia » est paru en septembre 2023. Le message que Karen veut lancer aux Africains et à ceux qui ignorent l’Histoire de l’Afrique est : « Si l’on vous bassine les oreilles avec le fait que « des Africains ont vendu d’autres Africains » et que tous nos malheurs viennent de cette traîtrise, sachez que vos ancêtres ont une Histoire grandiose qui ne doit jamais se limiter à la fourberie et à la mesquinerie de quelques individus. Dans l’Histoire du monde, il y a toujours eu des traîtres, mais aussi des personnes du côté de l’amour, de la vérité et de la justice. L’Afrique n’y échappe pas. Respectons-nous, et honorons les anciens. »
Karen collabore avec des associations et écoles au Sénégal en organisant des ateliers qui ont pour but de rendre le livre moins élitiste et vulgariser l’histoire à toutes les échelles sociales.
Danielle N.
