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Abderrahmane Ndiaye : de l’échec d’un poulailler à la conquête du secteur énergétique sénégalais

Crédit photo-Leral.net

C’est l’histoire peu banale d’un homme parti de presque rien, pour bâtir l’un des plus puissants conglomérats privés d’Afrique de l’Ouest. Abderrahmane Ndiaye, discret mais visionnaire, autodidacte mais stratège, a su transformer un revers entrepreneurial en tremplin vers la réussite. Né dans la vallée du fleuve Sénégal, cet homme d’affaires mauritano-sénégalais incarne aujourd’hui un modèle rare d’indépendance économique et de résilience entrepreneuriale.

Une première leçon de vie dans un poulailler

Au début des années 1980, Ndiaye se lance dans l’aviculture. Son premier projet : un modeste poulailler. Mais le rêve tourne court lorsqu’une maladie infectieuse décime tout son élevage. Loin de se décourager, il tire de cet échec une leçon essentielle : rebondir sans jamais se plaindre. Cette capacité d’adaptation deviendra le moteur d’un parcours hors du commun.

De la sécurité privée à un empire multisectoriel

En 1985, alors ouvrier en France et sans appuis financiers, il fonde Sagam International, une société de sécurité privée en Mauritanie. Le déclic survient avec un contrat prestigieux décroché auprès de l’ambassade des États-Unis à Nouakchott. Impressionnés, les services américains l’incitent à développer ses activités au Sénégal. C’est le début d’une fulgurante ascension. Sagam étend progressivement son réseau à Dakar, Abidjan, Bamako, Conakry, Cotonou, Ouagadougou, sécurisant des institutions aussi sensibles que la BCEAO.

À partir de 1995, Sagam diversifie ses services : sécurité électronique, transport de fonds, traitement de valeurs, maintenance de matériels bancaires, etc. En 2001, l’acquisition de Brinks West Africa et de Coditrans en Côte d’Ivoire consolide son leadership régional. En 2002, Sagam devient officiellement un groupe international, et poursuit son implantation au Mali, Bénin, Burkina Faso et Côte d’Ivoire.

Avec 4 500 employés et une masse salariale annuelle de 11 milliards de francs CFA, Sagam s’impose comme le troisième employeur privé du Sénégal. Mais ce n’est pas qu’un empire économique. Le groupe développe une véritable politique sociale : coopératives alimentaires, mutuelles santé (IPM Sagam), logements pour les employés, centres médicaux… Une rare vision de l’entreprise citoyenne.

L’audace d’un rachat stratégique

Le grand tournant énergétique d’Abderrahmane Ndiaye survient en 2017, lorsqu’il acquiert Elton Oil, leader de la distribution de produits pétroliers raffinés au Sénégal. Ce rachat, réalisé face au géant marocain Afriquia, est perçu comme un acte fort de souveraineté économique. Pour les experts, Ndiaye vient de briser le monopole des multinationales sur le secteur stratégique de l’énergie.

Depuis, Elton Oil a été repositionnée sur deux axes : la logistique énergétique et les services aux entreprises, desservant la raffinerie SAR, des opérateurs miniers, industriels, cimentiers ou encore le secteur du BTP. En 2021, le groupe s’allie avec le turc Karpowership pour alimenter en carburant des centrales flottantes, confirmant sa stature d’acteur énergétique de poids.

La nouvelle frontière : le gaz naturel

Avec deux projets majeurs annoncés pour fin 2025, Abderrahmane Ndiaye compte bien redistribuer les cartes du marché énergétique sénégalais. Il s’agit d’un dépôt pétrolier de 103 000 m³ à Sendou, et surtout d’un terminal gazier à Dakar, fruit d’un investissement colossal de 70 milliards de francs CFA. Objectif : importer, regazéifier et redistribuer du GNL à la Sénélec, aux industriels et au secteur maritime. Une véritable révolution pour un pays encore largement dépendant du fioul lourd.

« Le terminal gazier aura un impact structurant sur la chaîne de valeur énergétique nationale et régionale », affirme-t-il. Et fidèle à sa vision, il insiste : « Je ne veux pas miser sur un seul produit. Il faut bâtir sur plusieurs piliers pour garantir la stabilité ».

Un homme libre, un modèle discret

Peu friand de médias et d’apparitions publiques, Abderrahmane Ndiaye cultive une indépendance absolue vis-à-vis des cercles politiques. En 2016, il tente, sans succès, de sauver Sénégal Airlines en en prenant la présidence. En 2020, il est décoré Officier de l’Ordre national du Lion par le président Macky Sall. Mais il continue de revendiquer sa liberté : « Je suis un opérateur économique libre et je tiens à ce que mes entreprises se développent, quelles que soient les alternances politiques ».

Une influence panafricaine

Avec une présence affirmée dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et à la tête de projets structurants, Ndiaye est désormais considéré comme un investisseur panafricain. Pour Khadim Bamba Diagne du COS Petrogaz, « c’est un big fish qui agit au-delà des frontières ».

À ses côtés, son fils Slimane Ndiaye, 41 ans, dirige désormais Sagam International, perpétuant l’ambition familiale dans l’univers du gaz et de la sécurité.

Une success story à méditer

Loin des projecteurs, Abderrahmane Ndiaye a tracé sa voie avec méthode, courage et vision. Sa trajectoire – d’un poulailler décimé à un empire multisectoriel – incarne à la fois la résilience entrepreneuriale, l’intégrité personnelle et l’engagement social. Dans un continent en quête de modèles, il reste un exemple rare et précieux. Son prochain pari sur le gaz naturel pourrait bien faire de lui le roi de l’énergie sénégalaise.

Danielle N.

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