Record inédit : les exportations africaines de café surpassent le million de tonnes en 2025

Crédit photo-Cameroun24
Les pays africains ont réalisé une performance historique sur le marché mondial du café. Selon le rapport mensuel de l’Organisation internationale du café (ICO), publié le 10 novembre 2025, le continent a exporté 19,69 millions de sacs, soit 1,18 million de tonnes de café au cours de la saison 2024/2025. Un record qui marque une hausse de 18,6 % par rapport à l’année précédente et consacre la deuxième année consécutive de progression. C’est également la première fois que les exportations africaines franchissent le seuil symbolique du million de tonnes, confirmant la montée en puissance des producteurs du continent.
Une performance portée par de bonnes récoltes et des prix attractifs
Pour expliquer ce bond spectaculaire, l’ICO évoque trois facteurs clés :
- Une excellente campagne agricole
Les principaux pays producteurs ont bénéficié de récoltes supérieures à la moyenne, générant des volumes plus importants destinés à l’export.
- Des prix internationaux en forte hausse
Sur l’Intercontinental Exchange (ICE), le café arabica a vu ses cours grimper de 51 % à New York, passant de 5,48 $/kg (octobre 2024) à 8,26 $/kg (septembre 2025).
Cette envolée des prix a stimulé les ventes africaines sur les marchés internationaux.
- La libération de stocks exceptionnellement élevés
Les exportateurs ont mis sur le marché davantage de stocks que d’ordinaire, contribuant à gonfler les volumes disponibles.
Éthiopie et Ouganda : les moteurs de la croissance
Deux pays d’Afrique de l’Est ont particulièrement tiré la dynamique :
- Ouganda : 495 600 tonnes exportées, en hausse de 29,6 %
- Éthiopie : 442 200 tonnes, en progression de 27,3 %
À eux seuls, ils représentent près de 80 % des exportations africaines en 2024/2025.
Sur le plan de la production, l’ICO estime les récoltes à :
- 9,91 millions de sacs pour l’Éthiopie
- 7,05 millions de sacs pour l’Ouganda
Globalement, la production africaine de café a augmenté de 7,6 %, atteignant 22,78 millions de sacs.
Une dynamique africaine à contre-courant du marché mondial
Alors que les courbes africaines sont orientées à la hausse, le continent évolue à contre-courant de la tendance mondiale. En effet, l’ICO fait état d’une baisse de 0,3 % des exportations mondiales, qui s’élèvent à 139,01 millions de sacs sur la saison.
L’organisation précise que le recul est largement dû à la diminution des expéditions en provenance d’Amérique du Sud, faisant ainsi contraste avec la croissance enregistrée en Afrique et dans d’autres régions. Malgré ce succès, la part africaine dans le commerce mondial demeure modeste : 11,6 % des exportations totales. Autrement dit, un potentiel encore largement sous-exploité.
Objectif 2030
Lors du 3ᵉ Sommet du G25 africain du café, en février à Dar es-Salaam (Tanzanie), les pays producteurs ont réaffirmé leur volonté d’augmenter la part de l’Afrique dans la production mondiale, pour la porter à 20 % d’ici 2030, contre 11 % aujourd’hui.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs États accélèrent déjà leurs réformes :
En avril 2025, la Tanzanie, troisième exportateur africain a lancé une nouvelle stratégie visant à quadrupler sa production d’ici 2030.
En octobre 2025, Nairobi a annoncé la digitalisation des enchères de café, une mesure clé destinée à tripler la production nationale en trois ans.
Ces initiatives traduisent une détermination claire : faire de l’Afrique une puissance incontournable du café, dans un marché mondial en pleine recomposition.
Un tournant majeur pour l’industrie caféière africaine
Avec plus d’un million de tonnes exportées en 2025, l’Afrique ouvre un nouveau chapitre de son histoire caféière. Entre investissements massifs, digitalisation, hausse des prix et amélioration des techniques de production, tous les signaux semblent converger vers une montée en puissance durable. Si les engagements pris à l’échelle continentale se concrétisent, l’Afrique pourrait, d’ici la fin de la décennie, devenir l’un des piliers mondiaux du café, capable de rivaliser avec les grandes régions productrices traditionnelles.
Danielle N.



