Portrait entrepreneur : Bethlehem Tilahun Alemu, l’entrepreneure qui fabrique les chaussures à base de pneus usagés
Âgée de 43 ans, cette entrepreneure éthiopienne a fondé SoleRebels, une entreprise qui fabrique des chaussures éthiques et durables. Avec plus de dix ans d’expérience, elle est considérée comme un modèle d’entrepreneuriat social.
Née dans un quartier pauvre de Zenabwork, d’un père électricien et d’une mère cuisinière, Bethlehem Tilahun Alemu a très tôt compris qu’elle devait se battre pour atteindre le sommet et sortir sa famille de la pauvreté. Très intelligente, son parcours scolaire se passe comme ‘une lettre à la poste’.
En 2004, elle décroche un diplôme de comptabilité à l’Unity University d’ Addis-Abeba. La même année, elle abandonne une carrière de comptable pour entreprendre.
Son entrée dans le monde de l’entrepreneuriat et la fondation de SoleRebels
Si Zenabwork, le quartier qui a vu grandir Bethlehem est pauvre, il est aussi connu pour la richesse de ses artisans. La jeune dame décide donc de saisir cette opportunité et d’utiliser une matière première bon marché et disponible : les pneus usagés. Avec cinq ouvriers et un investissement de 5000 dollars, elle lance SoleRebels, une marque de chaussures à base de pneus recyclés et du coton.
Malgré des débuts difficiles, celle qui aime rappeler que « tout problème a une solution » parvient à mettre son entreprise sur les rails. Bethlehem Tilahun Alemu ne lâche rien. Elle s’accroche à son rêve et met sur le marché les premiers prototypes de chaussures, conçus dans un atelier que lui avait prêté sa grand-mère. Encombrantes et lourdes, elles pesaient 6 kilogrammes la paire, apprend-on. C’est donc au bout de deux ans qu’elle trouve la bonne formule en s’inspirant des Selates et Barabassos, une chaussure à semelles de pneu de voiture recyclés qui existe en Ethiopie depuis longtemps. En fait, c’étaient des chaussures de l’époque où les « SoleRebels » originaux combattaient les forces d’invasion afin de maintenir l’Ethiopie comme la seule nation africaine non colonisée.
Quand le succès cogne à la porte…
En effet, en peaufinant ses premiers modèles de chaussures, Bethlehem Tilahun Alemu était loin de s’imaginer que son idée la conduirait à parcourir le monde quelques années plus tard. Elle a rencontré Bill Clinton et Muhammad Yunus, elle est intervenue à la tribune du Forum économique mondial de Davos, on l’a vue dans le magazine Forbes, sur CNN, et la BBC a parlé d’elle… un succès fulgurant !
SoleRebels, ou le 100 % éthiopien
Bethlehem Tilahun Alemu a fondé SoleRebels afin de combiner les talents d’artisans créatifs de sa communauté éthiopienne avec la chaussure traditionnelle « Barabasso » (pneu recyclé éthiopien). Le résultat est une chaussure originale unique, sous-tendu par l’esprit de la production éthique, des matériaux durables et un confort maximal. Ces méthodes et matériaux ont résisté à l’épreuve du temps en Ethiopie et sont par essence durables et à faible impact.
SoleRebels est une entreprise 100 % éthiopienne. Chaque paire de chaussure que SoleRebels produit est fabriquée à la main dans son atelier à Addis Abeba, en Ethiopie et SoleRebels expédie dans tous les pays du monde. « Nous sommes fiers de notre travail et offrons une garantie 100 % happy soles pour garantir que vos SoleRebels sont aussi bonnes que vous le souhaitez. Cela fait partie de notre mission de rendre le monde meilleur, une étape à la fois. C’était notre slogan dès le premier jour et c’est aussi vrai aujourd’hui qu’à l’époque », peut-on lire sur le site internet de SoleRebels.
Grace à son entreprise, Bethlehem Tilahun Alemu se dit fière d’avoir pu créer une centaine d’emplois et que ses salariés, qui gagnaient au début 45$ par mois, gagnent aujourd’hui quatre à cinq fois le salaire minimum légal et plus de trois fois le salaire moyen du secteur. SoleRebels compte une vingtaine de boutiques partout dans le monde (en Californie, à Singapour et en Europe). SoleRebels emploie plus de 300 salariés et son chiffre d’affaire est évalué en millions de dollars.
Danielle N.
