Échos de la diaspora : Dr Jean-Louis Bénaé, le neurochirurgien camerounais qui s’est imposé aux États-Unis !
Dans la ville de Dallas, plus précisément le comté de Collin, on ne le présente plus. Sa renommée parle d’elle-même. Jean-Louis Bénaé s’est imposé comme l’un des meilleurs neurochirurgiens aux États-Unis. Une expertise qu’il exporte aujourd’hui avec succès sur le continent africain, grâce à l’association Brain Project. Portrait.
Le meilleur neurochirurgien au Texas
Dans la région de Dallas (Texas), où il réside avec sa famille, Jean-Louis Bénaé, spécialiste du cerveau et de la colonne vertébrale, est reconnu comme l’un des « meilleurs médecins » selon le mensuel D Magazine, et « Meilleur Neurochirurgien de la ville de Dallas », aux États-Unis d’Amérique, par le célèbre magazine Living Magazine. Et ce, pendant trois années consécutives (2017, 2018, 2019). Une reconnaissance publique bien méritée quand on sait qu’il exerce dans un pays où le secteur médical est l’un des plus compétitifs de la planète.
À son compte depuis 2014, le chirurgien camerounais est aujourd’hui à la tête d’un cabinet prospère, qui fait « 3,5 millions de dollars (3,3 millions d’euros) de chiffre d’affaires annuel », selon Forbes Afrique. Et projette lancer deux nouvelles antennes médicales, proches des actuels locaux du North Texas Brain & Spine Specialists.
L’histoire derrière son choix de carrière
Rien ne prédisposait Jean-Louis Bénaé à faire carrière dans le domaine de la santé, plus précisément de la neurochirurgie. Mais alors qu’il grandit dans un univers familial protégé, entouré de ses frères et sœurs, d’une mère aimante et d’un père officier supérieur qui achèvera sa carrière comme chef d’Etat-major particulier du président Paul Biya, feu le général Blaise Mpéké Bénaé (décédé en 2007), Jean-Louis vivra une situation terrible.
En effet, à la fin des années 80, son grand frère, Eliasso, de deux ans son aîné, contracte une méningite cérébrale, une maladie caractérisée par une inflammation des méninges (les membranes qui protègent le cerveau et la moelle épinière). Appelés à la rescousse, les médecins camerounais se succèdent au chevet du jeune malade, en vain. Le pronostic vital est engagé. Un avion médicalisé est finalement affrété et l’adolescent sera évacué en France, où les neurochirurgiens de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, parviendront à le soigner avec succès. Cet épisode est une révélation pour le jeune Jean-Louis, qui comprend alors le pouvoir décisif de la compétence technique ; celle qui fait la différence et sauve des vies. Sa décision est prise : il sera lui aussi neurochirurgien.
À l’âge de 20 ans, il s’inscrit à l’université de Californie, à Los Angeles (UCLA). Des débuts outre-Atlantique que le Camerounais n’a pas oubliés. « Ma famille m’envoyait certes de l’argent pour couvrir mes frais de scolarité, mais disons-le tout net, la contrepartie des francs CFA en dollars était chiche », se remémore Jean-Louis Bénaé, qui dit avoir enseigné le français, les mathématiques et garder des parkings durant ses années estudiantines, « pour pouvoir joindre les deux bouts ». Une école de la Vie qui, in fine, lui a appris « le sens des responsabilités et de l’effort », dit-il.
Après avoir obtenu son doctorat à la faculté de médecine de David Geffen et une bourse de recherche en neuro-traumatologie au centre de recherche sur les lésions cérébrales de l’UCLA, il lance sa carrière de spécialiste en neurochirurgie à Milwaukee, dans l’État du Wisconsin, avant de rejoindre une clinique dans l’État du Mississipi.
Ne tirant pas pleinement parti de son activité de neurochirurgien au Mississipi, Jean-Louis décide de changer la donne. Il se laisse ainsi convaincre par un ami proche, le Docteur en neuropharmacologie ghanéen Nana Yaw Appiah, de tenter sa chance au Texas. Le cabinet du Docteur Bénaé, le North Texas Brain & Spine Specialists, ouvre ainsi ses portes en 2014 et trouve très vite sa clientèle. Un an seulement après son installation au Texas, il est considéré par les médias locaux comme l’un des meilleurs neurochirurgiens de sa région.
Un perfectionniste !
Le Docteur Bénaé est un perfectionniste qui aime faire les choses suivant un certain cheminement. La chirurgie est pour lui la solution à adopter en dernier recours, lorsqu’on est à court de solutions moins risquées. Car il ne s’agit pas d’une banale opération. « La dernière chose que je souhaite faire, c’est opérer une personne qui n’en a pas besoin (…) Je voudrais être le premier médecin que vous voyez, pas le dernier. De cette façon, je peux travailler avec une feuille de route pour le rétablissement de préférence sans chirurgie. Je peux coordonner les services avec d’autres spécialistes. Mais s’il arrive un moment où la chirurgie est votre meilleure option, je suis déjà au rez-de-chaussée et je comprends exactement ce qui se passe. Ce dont mes passions ont le plus besoin est mon temps et ma compassion », affirme celui qui se considère d’abord comme un « guérisseur ».
Des projets et réalisations pour son pays et son continent
Le Dr Jean-Louis Bénaé n’oublie pas d’où il vient. Chaque année, il participe à des voyages de mission médicale, apportant la médecine du monde à la nation appauvrie, grâce à l’association Brain Project. Fondé en 2017, The Brain Project est une coalition de neurochirurgiens certifiés, de chirurgiens orthopédistes, de chirurgiens-dentistes, ainsi que de nombreux autres spécialistes médicaux d’ascendance africaine dédiés à la mise en place de systèmes de soins de santé fiables qui peuvent servir et soutenir l’Afrique.
Aujourd’hui âgé de 51 ans, cet homme fait la fierté du Cameroun et de l’Afrique toute entière.
Danielle N.
