Portrait entrepreneur : John Amanam, le prothésiste nigérian qui redonne vie aux mutilés
Crédit photo : John Amanam-Facebook.
Il redonne vie aux mains, pieds, doigts… mutilées et à ceux qui les portent. A 36 ans, John Amanam est le premier nigérian à fabriquer des prothèses ‘’hyperréalistes’’. Il est le fondateur de l’entreprise « Immortal Cosmetic Art ».
C’est un véritable défi de vivre avec une amputation. En outre, il est difficile pour les amputés de se faire accepter et de s’intégrer dans la société. Les prothèses permettent dès lors de résoudre ces deux problèmes, toutefois, le marché des prothèses exclut largement les Africains. Par conséquent, les Africains utilisent très souvent des prothèses qui ne correspondent pas à la couleur de leur peau. Il y a quelques années, John Amanam, a décidé de changer cette réalité en devenant rapidement un leader dans la création de prothèses noires hyperréalistes.
Diplômé en beaux-arts et en art industriel de l’université d’Uyo, capitale d’Akwa Ibom, un État du sud du Nigeria, John Amanam travaille activement à la création de membres aux tons chair pour les personnes noires et brunes qui ont dû subir des amputations.
Le parcours de John dans ce domaine débute lorsque, son frère perd un membre à la suite d’un accident. Sa famille commande une prothèse à l’étranger, mais à son arrivée, elle ne correspond pas à la couleur de peau de la victime. John décide ainsi d’explorer des méthodes permettant de fabriquer une prothèse qui correspondrait étroitement à la peau brune de son frère.
Son aspiration à relever un défi personnel s’est depuis transformée en une carrière professionnelle d’artiste prothésiste, faisant de lui le premier nigérian à fabriquer des prothèses ‘’hyperréalistes’’ pour personnes d’ascendance africaine.
John Amanam crée alors des couvertures de chair pour les personnes qui ont perdu différentes parties du corps, allant des oreilles, au nez, aux doigts, aux mains, aux pieds et même des prothèses mammaires. Son objectif est d’offrir aux individus utilisant ses produits une sensation de bien-être dans leur peau tout en éradiquant le contrôle du public et la stigmatisation.
John sculpte méticuleusement chaque pièce qu’il crée, garantissant que les caractéristiques complexes telles que les veines et les ongles soient bien visibles. Ce qui rend ses créations hyper réel.
Les clients de John Amanam s’étendent au-delà des Africains résidant en Afrique pour inclure ceux vivant à l’étranger. Le jeune prothésiste souligne que la capacité de relever les défis de l’Afrique tout en choisissant de rester au Nigeria lui apporte une immense joie. « Ma récompense est le fait que j’ai été capable de répondre aux besoins de mon peuple, c’est-à-dire des Nigérians, d’Akwa Ibom, l’État d’où je viens, et aussi des Africains, vous savez, et de les résoudre depuis mon continent. Je ne suis pas en Jamaïque. Je ne suis pas aux États-Unis. Je ne suis pas en Europe. Je suis au Nigeria et je résous les problèmes des Nigérians et des Africains », a déclaré Amanan au journal Afro News.
Son principal objectif est de développer son entreprise et de travailler assidûment pour que ses produits soient disponibles partout en l’Afrique. Toutefois, Amanam met en évidence l’importance pour l’Afrique de faire face à ses propres difficultés. Selon lui, il n’est pas de la responsabilité de l’Homme Blanc de saisir ou de s’inquiéter des défis auxquels l’Afrique est confrontée, mais plutôt de l’Afrique et des Africains de prendre les devants.
« Il est impératif que nous, Africains, essayions d’examiner nos problèmes. Utilisez notre cerveau, nos ressources et trouvons un moyen de résoudre notre problème. Si l’homme blanc voulait résoudre votre problème, il ne le faisait que pour répondre à ses propres besoins et à son propre profit, l’Africain le ferait pour satisfaire la société africaine. »
Danielle N.