Entreprise/startup : Matta, l’une des startups les plus innovantes du continent
Crédit photo Matta – X
Lancée en 2022 par le Nigérian Mudiaga Mowoe, la startup Matta, spécialisée dans le commerce de produits chimiques à destination des professionnels est prête à dynamiser l’industrie chimique africaine.
La startup nigériane Matta, basée à Lagos, a introduit en 2022 une application de vente en ligne spécialisée et innovante. Le concept : jouer le rôle d’intermédiaire entre les producteurs de substances chimiques et leurs clients dans le secteur industriel.
Un producteur de soda nécessite-t-il un ingrédient particulier ? Il peut passer par l’application. Un fabricant de vêtements est-il en quête d’un colorant rare, nécessaire pour la teinte d’une de ses pièces ? À nouveau, Matta lui permet d’identifier le producteur approprié.
BASF, Coca cola, Air liquide ou encore Bodo Moller, quelques-uns des principaux acteurs mondiaux du secteur industriel ont déjà recours aux services de la startup nigériane. Cette notion simple, personne en Afrique avant Mudiaga Mowoe ne l’avait eu.
En effet, c’est face au défi qu’il rencontrait au sein de Ferro Corporation, une entreprise sud-africaine spécialisée dans la production de diverses matières premières chimiques dans plusieurs domaines, que Mudiaga Mowoe a compris que construire Matta ne se limitait pas à résoudre des problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement : cela impliquait aussi la mise en place de connexions là où ces dernières étaient inexistantes.
« De nombreux clients venaient nous demander des produits chimiques ou des matières premières que nous ne produisions pas. Ils nous demandaient également de les aider sur le plan logistique, de livrer les marchandises sur leur site ou de leur obtenir un financement. Il est devenu évident qu’il s’agissait d’un très gros problème sur le marché, ou les gens n’avaient pas vraiment accès aux produits chimiques et aux matières premières dont ils ont besoin. Les acheteurs ne savaient pas comment se procurer les matériaux. Les vendeurs ne savaient pas qui achetaient leurs matériaux », explique-t-il.
Le constat posé, il restait à passer à la réalisation. L’idée de créer Matta commence à germer en 2017. Pendant de long mois, Mudiaga va murir son idée. En 2019, une amie le convainc de se lancer et l’aide même à trouver ses premiers investisseurs. « En 2020, nous avons décidé de commencer à concevoir le produit et, en 2022, de le lancer. Ce que nous avons fait, c’est de créer une plateforme avec d’un côté les achats. C’est-à-dire des marchands qui achètent des produits sur la plateforme et d’un autre côté, la vente, c’est-à-dire des vendeurs qui peuvent télécharger leurs produits sur leurs vitrines numériques depuis la plateforme. Il y a également un côté crédit. Les fournisseurs de service crédit ont la possibilité d’examiner les transactions effectuées dans l’écosystème, et de décider qui ils veulent financer. »
Deux ans après la mise en ligne de Matta, le pari est déjà sur le point d’être remporté. En 2024, Matta compte 4 000 clients, soit 60 % de vendeurs et 40 % d’acheteurs. Des sociétés majeures comme Coca-Cola ou BASF, qui associent des petites et moyennes entreprises. Et une proposition disponible sur 16 marchés distincts.
Depuis le lancement de la plateforme, pas moins de 1,8 millions de tonnes de produits ont été échangé par le biais de la plateforme. Un business très rentable. Aujourd’hui, Matta est le premier marché numérique d’Afrique reliant les fabricants aux fournisseurs de produits chimiques, de matières premières, d’ingrédients et de produits de base pour faciliter la croissance et le développement d’économies durables.
Actuellement, hors mis le Nigéria, Matta est présent transactionnellement au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud. « Nous avons établi des partenariats sur tous ces marchés et sommes en train de lancer des opérations locales en Afrique du Sud, où nous constituerons une équipe pour soutenir ce marché », indique le fondateur de la plateforme.
Les obstacles rencontrés par Mudiaga Mowoe et sa startup
Comme la plupart des startups technologiques de l’écosystème, l’un des plus grands obstacles auxquels Mudiaga a été confrontés au début était de ‘’devoir démarrer’’ avant que Matta ne se lève officiellement. « En conséquence, les flux de trésorerie étaient souvent serrés, si serrés qu’un jour, j’ai dû appeler l’un de mes mentors pour nous prêter de l’argent pour payer les salaires. Nous en étions à 3 mois à ce stade. Je dois vraiment rendre hommage à cette personne et aux gens autour de nous qui ont cru en ce que nous construisions », confie l’entrepreneur.
Danielle N.