Burkina Faso: la tomate, symbole d’autosuffisance alimentaire et de développement économique?

Crédit photo-L’Economiste du Faso
Au Burkina Faso, la tomate émerge comme un symbole puissant d’autosuffisance alimentaire et de développement économique. Avec l’inauguration récente de deux usines de transformation de tomates à Bobo-Dioulasso et à Yako, le pays prend des mesures décisives pour réduire sa dépendance aux exportations et importations et valoriser sa production locale. Plongeons dans l’univers de ce fruit rouge qui change le visage de l’agriculture burkinabé.
En Afrique, la tomate reste de façon incontestable, le condiment le plus cultivé et le plus consommé par les populations. Selon les données de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2020, la production de tomate en Afrique était d’environ 14,5 millions de tonnes, soit environ 4,5% de la production mondiale de tomates. Selon les prévisions de la FAO, cette production devrait augmenter de 20% sur la période 2020-2028.
La production de tomate au Burkina Faso
Au Burkina Faso, la tomate occupe une place centrale dans l’agriculture et l’économie locale. Elle est l’un des légumes les plus cultivés et constitue une source importante de revenus pour les agriculteurs. Plus de 10 000 hectares de terres sont mobilisés pour la production de la tomate, pour une quantité produite estimée à 300 000 tonnes de tomates par an. Le pays exporte annuellement plus de 150 000 tonnes de tomates dont 98% à l’état frais essentiellement vers les pays côtiers, notamment le Ghana, la Côte d’Ivoire.
Ces dernières années, les exportations de tomates fraiches du Burkina vers le Ghana, ont enregistré une augmentation remarquable atteignant 400 millions de dollars en 2021, triplant les chiffres de 2018, indiquent les statistiques publiées par Ghana Vegetable Producers and Exporters Association.
Par ailleurs le marché burkinabè est inondé de conserves de tomates concentrées importées. Selon l’outil TRADE MAP de l’ITC, l’agence conjointe de l’ONU et de l’OMC, la valeur totale des importations des produits de la tomate est passée de 4 millions 438 000 dollars US en 2021 à 8 millions 123 000 dollars en 2022, soit une augmentation de 83%. Ces produits sont principalement importés de la Chine, l’Italie, du Ghana et de la Cote d’Ivoire.
Le marché de la transformation de la tomate en pleine expansion

Les problèmes rencontrés par les acteurs de la filière tomate au Burkina Faso sont, entre autres : les contraintes de conditionnement et de stockage. A cela s’ajoute l’absence d’unité agro-industrielle de transformation de la tomate.
Conscient de ces problèmes, les autorités burkinabè de la transition ont procédé à la pose de la pierre, de la première usine de transformation de tomates à Bobo-Dioulasso, en septembre 2023. Le 30 novembre 2024, le président du Faso le capitaine Ibrahim Traoré a inauguré cette usine dénommée SOBTO. D’un coût de réalisation estimé à 7,5 milliards de FCFA, elle est spécialisée dans la transformation de tomate et la production de pâte de tomate sous le nom commercial « A’diaa » qui signifie « quel délice » en langue Bôbô.
Bâtie sur une superficie de 5 hectares, elle a été conçue selon les normes d’une construction moderne. Cette bâtisse selon le Directeur général de l’APEC, Karim Traoré, comporte un bâtiment administratif R+1 extensible, doté de 16 bureaux, de 2 salles de réunion, et des espaces modulables pouvant être cloisonnés en bureaux complémentaires en fonction des besoins ; une cantine spacieuse équipée d’une cuisine et d’un bloc vestiaire pour le personnel; Une infirmerie moderne capable d’offrir des soins primaires, ouverte au personnel et aux populations riveraines; un bâtiment industriel couvrant une superficie de 1200m2 abritant les équipements de production ayant une capacité de production de 100 tonnes de tomate par jour. Deux magasins de stockage destinés aux matières premières, et aux produits finis; un pont-bascule destiné au pesage de la tomate fraiche et un atelier de maintenance.
SOBTO, vient ainsi contribuer au développement économique et social du Burkina, car à terme, elle permettra de créer 180 emplois directs permanents et 3000 emplois indirects. L’ambition selon les porteurs du projet est non seulement d’absorber la majorité de la production locale de tomate pour une transformation interne au Burkina Faso, mais aussi de conquérir le marché international, positionnant ainsi notre production sur des segments compétitifs et valorisant le savoir-faire local.
Après SOBTO à Bobo-Dioulasso, le Capitaine Ibrahim Traoré a procédé, le 16 décembre 2024, à Yako, dans la région du Nord, à l’inauguration de la deuxième usine de transformation de tomates dénommée Société Faso Tomates (SOFATO).
SOFATO, est spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation de la tomate sous forme de produits dérivés. Cette usine couvre une superficie d’un hectare et possède une capacité de transformation de 100 tonnes de tomates et est réparties sur deux grandes lignes. La première ligne est dédiée à la production de concentré de tomate, tandis que la deuxième ligne est consacrée au conditionnement des boîtes de conserve et des sachets de 30g, 40g et 60g.
Financée à hauteur de plus de 5,6 milliards de F CFA par l’actionnariat populaire, grâce à l’Agence pour la Promotion de l’Entrepreneuriat Communautaire (APEC), elle permettra de créer au moins 100 emplois directs et plus de 1500 emplois indirects, avec des prévisions de croissance dans les mois à venir, ont précisé les acteurs du projet.
Les maraîchers, qui étaient autrefois confrontés à des pertes importantes et à la vente de tomates à bas prix en raison de leur grande périssabilité, peuvent désormais compter sur ces deux usines. Le Burkina Faso a ainsi franchit une étape majeure vers l’autosuffisance alimentaire grâce à une dynamique exemplaire dans la filière tomate. Désormais, les tomates sont non seulement produites localement, mais aussi transformées et consommées sur le territoire national.
Toutefois, les entrepreneurs qui voudraient se lancer dans la transformation de la tomate pourront toujours proposer une variété de produits, aussi bien pour à cuisine quotidienne des ménages, que pour l’industrie agroalimentaire. Ne dit-on pas qu’il y a la place pour tout le monde sous le soleil ?!
Danielle N.