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Portrait entrepreneur : Alice Riouall, la Burkinabè qui est parvenue à placer ses produits sur les étals de grandes enseignes alimentaires en Europe

Pionnière dans la transformation de la mangue séchée au Burkina, Alice Riouall est à la tête de Mango-So SARL. Grâce à sa persévérance, elle est parvenue à placer ses produits sur les étals de grandes enseignes alimentaires, telles Carrefour et Aldi en Allemagne.

Elle savait dès son plus jeune âge qu’elle ferait carrière dans le commerce, par conséquent dans l’entrepreneuriat. « Quand j’étais toute petite, à l’école primaire, je n’avais que des copines qui étaient commerçantes. Donc, à chaque période de vacances, je prenais mon assiette pour les suivre, vendre des arachides, les pois sucrés. J’habitais le quartier Tanghin et mon école était au quartier Paspanga. Pendant les vacances, mes copines allaient donc acheter les pois sucrés à Sankar-yaaré, elles marchaient toute la journée, l’assiette sur la tête et moi, ça me passionnait. J’avais chaque fois hâte que ce soit les vacances pour que je puisse les suivre pour vendre », raconte Alice Riouall dans une interview accordée à lefaso.net.

Même si ses parents n’étaient pas d’accord avec ce qu’elle faisait, trouvaient que les vacances, étaient faites pour aller cultiver au village, la petite Alice croyait plus à son commerce si bien qu’à la rentrée scolaire suivante, elle disait à son père qu’il n’avait pas besoin de lui payer des fournitures, parce qu’elle pouvait se prendre en charge. « Mon père s’étonnait. Au départ, il n’était pas content, mais après, il a compris que j’étais engagée pour le travail, que c’était ma passion », confie-t-elle.

Aujourd’hui, la cinquantaine, Fatoumata Alice Riouall née Diallo est la directrice générale de Mango-So SARL, une société spécialisée dans la commercialisation de mangues séchées. Elle est dans le domaine depuis 1992 où elle a fait ses premières expériences à Ouagadougou. « J’étais installée à Pissy, de 1992 à 2000. En fin 2000, je me suis dit que Ouagadougou est loin du cœur de la mangue ; quand tu veux être efficace, faire de la qualité, il faut être à côté de la matière première (tant que c’est possible). » C’est ce qui l’a emmenée à Toussiana. Arrivée, toute novice, Alice a commencé avec une trentaine de personnes (travailleurs). L’idée de séchage des fruits lui est venue d’un constat : « nos grands-parents ont toujours séché le gombo, les feuilles d’oseilles, etc.Je me suis donc dit que si on peut sécher tout ça, stocker pour traverser des saisons, pourquoi ne pas essayer de sécher les fruits ? J’ai donc coupé une mangue que j’ai étalée au soleil. Ces mangues ont séché, mais je n’étais pas satisfaite ; parce qu’il y avait beaucoup de mouches. Pour des raisons évidentes de qualité, je me suis dit qu’il faut trouver une solution pour éviter les mouches. C’est là que j’ai pensé à une sorte de grillage pour le séchage. »

Alors quand quand la jeune entrepreneure séchait ses mangues, elle faisait goûter aux membres de sa famille, qui lui conseillaient et lui demandaient de trouver une meilleure solution. Elle a ainsi continué à réfléchir. Elle a donc décidé, de chercher des Organisations non-gouvernementales qui accompagnent ce genre de projets. Dans cette volonté, elle  est tombée sur une organisation suisse (le CEAS), basée à Gounghin, spécialisée dans la formation des groupements dans le cadre de la transformation des légumes. La mangue ne faisait pas partie de leur périmètre d’action, mais ils l’ont orienté vers Ouahigouya.

C’est ainsi qu’elle s’est rendue et a appris le travail. Alice est ensuite revenue au CEAS où elle a rencontré son directeur, qui a décidé de l’accompagner dans son projet de séchage de mangue. Elle a dû trouver des séchoirs attestas (des séchoirs en bois) et un local pour implanter son unité.

La mangue séchée sur les étals de grandes enseignes alimentaires

Opérateur économique, Alice emploie plus de 300 personnes dont 90 % sont des femmes. Elle produit également plus de 200 tonnes de mangues séchées par an en dépits des défis liés à la mauvaise organisation des producteurs qui ne respectent pas souvent les critères de récolte, de transport…

Aujourd’hui si Alice vend à l’interne, elle exporte aussi sa production. La quinquagénaire est parvenue à placer ses produits sur les étals de grandes enseignes alimentaires, telles Carrefour et Aldi en Allemagne.

Elle voyage beaucoup. De conférences en salons, Alice Riouall-Diallo va à la rencontre du public pour expliquer et sensibiliser sur le travail réalisé par le Cercle des sécheurs de mangues du Burkina Faso, dont elle est la présidente. Son parcours est un exemple.

Danielle N.

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