Portrait Entrepreneur : Fabrice Sawegnon fondateur de Voodo, l’un des plus grands groupes de communication d’Afrique de l’Ouest

Il est une figure emblématique de l’entrepreneuriat ivoirien et africain. Passionné de travail, il n’hésite pas de bosser dur pour atteindre ses objectifs. Des choix judicieux, il en a fait. Portrait d’un modèle de vie et de combat pour la jeunesse africaine.
« La lecture a changé ma vie. »
Né d’une mère et d’un père originaires du Bénin, Fabrice Sawegnon a grandi au plateau (le cœur de la Côte d’Ivoire, le cœur d’Abidjan, comme il l’appelle). Passionné de lecture, Fabrice épluche les livres depuis son plus jeune âge. Et ceux-ci ont changé sa vie. « Au plateau il y’avait de la culture, au plateau, il y avait des cinémas, la bibliothèque nationale, le centre culturel français, le musée, en fait il y avait de la culture. Nous petits, enfants du plateau, on allait à la bibliothèque, on allait au musée, on allait au cinéma. Et donc moi, j’habite au plateau, je m’inscris au centre culturel français et j’avais accès à des livres. Je commence à lire, ma vie change. Moi, je dévorais des livres. À 15-16 ans, je lisais des livres de 400 pages en deux jours », raconte-t-il.
Orphelin de père depuis l’âge de 3 mois, Fabrice a toujours eu confiance en sa capacité de transcender les choses pour atteindre ses objectifs. D’ailleurs, il n’a pas eu besoin d’aller étudier ailleurs pour être l’homme qu’il est aujourd’hui. En effet, il a fait tout son cursus scolaire en Côte d’Ivoire.
Titulaire d’un DUT en Gestion et Commerce obtenu à l’Institut National Supérieur de l’Enseignement Technique (INSET) de Yamoussoukro en 1994, Fabrice Sawegnon n’a pas trimé pour avoir son premier emploi. En effet, 7 jours seulement après avoir obtenu son DUT et d’être sorti de l’ École, il est embauché comme commercial à Jal Afrique pour un salaire de 180.000 F CFA le mois.
3 mois après dans cette entreprise, il passe un test interne. Il obtient le poste et un véhicule de service. Il est alors fait responsable vente extérieure et supervise les zones de Cocody, Yopougon, Abobo où il propose ses peintures aux quincailleries, aux commerçants et aux chantiers de construction. Quelques temps après, le père d’un ami, alors Directeur Général d’Air Ivoire (le Commandant de bord Nicolas Adom), le recrute comme commercial de la compagnie aérienne et l’envoie à Bouaké pour une formation de 3 mois. Il démissionne de Jal Afrique et sans aucun contrat avec Air Ivoire, il s’installe à Bouaké.
Après 2 mois et demi de formation pour devenir un grand commercial, le DG d’Air Ivoire décède. Quelques jours après, un nouveau DG est nommé, n’ayant pas eu de contrat au préalable puisque l’agrément était que le contrat serait signé après trois mois si la formation était concluante, Fabrice se fait virer.
Au chômage, le jeune ivoirien va déposer son CV dans plusieurs entreprises. Il finit par rejoindre PANAFCOM, une agence de communication dirigée par un Français, Daniel Brechat, qui lui inspire la liberté de création et le volontariat. Après 2 années de travail ardu, il touche un salaire confortable de 450.000 F CFA. Mais pas satisfait, il demande une augmentation de salaire, qui lui est refusée. Il décide de partir.
Il atterrit dans une nouvelle agence de communication. Il est fait Chef de groupe, puis Directeur de clientèle pour deux grandes marques de boissons gazeuses (coca-cola et Sprite) distribuées dans 17 pays d’Afrique. Toujours à la quête de quelque chose de meilleur, Fabrice démissionne et Voodoo Communication voit le jour en 1999.
Fort d’une solide expérience dans le domaine, Fabrice Sawegnon veut sortir des sentiers battus et revoir les rouages de la communication en Côte d’Ivoire. Réaliste et parfaitement d’actualité, le timing est bon, l’intuition aussi. Mais 6 mois plus tard, il y a un coup d’Etat en Côte d’Ivoire. Son business s’arrête, comme beaucoup d’autres à cette période.
La reprise est lente. Pour rendre son activité dynamique, il poursuit l’expansion verticale par le rayon d’activités et horizontale par le nombre de produits. Ce faisant, il se risque au marketing politique au Gabon avec feu le Président Omar Bongo. Cette approche lui réussit et il la poursuit dans certains pays. Il aimerait la réaliser aussi en Côte d’Ivoire en pleine crise militano-politique.
Grâce à son carnet d’adresse bien établi, il est informé d’un appel d’offres pour sélectionner l’entreprise qui s’occupera de la communication du Parti de Mr Alassane Ouattara. Fabrice postule et parmi les 7 entreprises sélectionnées, c’est lui qui est choisi. C’est ainsi qu’il va rester dans la proximité de celui qui est devenu 2 ans plus tard le président de la République de Côte d’Ivoire.
Fabrice poursuit ses activités de marketing politique dans 6 autres pays. Et ce succès lui ouvre grandes des portes et des niveaux d’influence. Il fréquente des présidents tels : Eyadéma, Amadou Toumani Touré, Ibrahim Boubacar Kéita, Kérékou, Zinsou, Georges Weah, Idrissa Seck, Soumaïla Cissé, Emmanuel Macron, Boris Johnson, Angela Merkel, etc. Et des personnalités du monde culturel tels : 50cents, Rick Ross, Akon, etc. Des acteurs de cinéma : Kevin Hart, Djimi Hounsou. Des footballeurs : David Beckam, Kylian Mbappé, etc. des stars à l’instar de Kim Kardashian.
Aujourd’hui, le groupe Voodoo Communication que dirige l’Ivoirien est l’un des plus grands groupes de communication d’Afrique de l’Ouest.Il est devenu incontournable dans la région.Marketing politique, publicité, événements, magazines, loisirs… Voodoo est partout. Au Cameroun et au Sénégal, où le groupe a ouvert des filiales ; au Togo, au Gabon, au Mali, où il a dirigé avec succès la communication d’Ibrahim Boubacar Keïta lors de l’élection présidentielle de 2013,au Bénin, et bien sûr en Côte d’Ivoire, où les marchés qui lui sont confiés, intégralement ou partiellement, s’empilent.
Sur le plan social, fin 2017, Voodoo a signé un partenariat capitalistique avec le groupe français M6 pour le lancement d’une chaîne de la future TNT ivoirienne, Life TV et d’une radio, Vibe radio qui deviendra Life radio.
En-dehors de la communication et des médias, Fabrice Sawegnon a aussi investi dans l’immobilier, l’hôtellerie et la sécurité privée. Rappelons qu’il est le propriétaire de BOULAY BEACH RESORT un complexe hôtelier construit sur l’île Boulay.
Son « échec » à la mairie du Plateau, une leçon !
C’est en 2018, que Fabrice a échoué à se faire élire maire du Plateau, à Abidjan, lors des élections municipales. Pour lui, il ne s’agit pas d’un échec, mais d’une simple difficulté. « Je pense qu’il y a un temps pour tout dans la vie. Donc je n’ai pas besoin de me précipiter, de me battre, de rendre les coups ainsi de suite, non, je pense que la vérité finit toujours pas éclater et les choses se feront d’elle-même », dit-il.
De cette difficulté, il en a beaucoup appris. Aujourd’hui, il fait de l’éveil de la conscience de la jeunesse africaine un combat personnel. Dans cet élan, il intervient dans divers évènements (conférence, formations, etc.) pour booster la jeunesse.
S’il faut définir Fabrice en quelques mots on dira de lui que c’est un vrai leader. Tout ce qu’il touche se transforme en or. Il est pro, sans complexe !
Danielle N.