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Le 11 juin dernier, le Sénégal a fait ses débuts dans le domaine de la production pétrolière en prélevant les premiers barils du champ de Sangomar, au large de Dakar. En collaboration avec la Mauritanie, le pays va développer un vaste champ gazier en mer dans quelques mois. Quelles répercussions pour l’économie du Sénégal ?
Le Sénégal a intégré le groupe des pays qui produisent des hydrocarbures le mardi 11 juin. Selon un communiqué de la compagnie australienne, « Woodside a procédé à la première extraction de pétrole du champ de Sangomar, menant à bien la livraison du premier projet pétrolier offshore du pays. »
On trouve du pétrole et du gaz dans le champ en eaux profondes, situé à environ 100 km au sud de Dakar. Selon la société, le développement du projet, qui a commencé en 2020, a demandé environ 5 milliards de dollars d’investissements. Son objectif est de produire 100 000 barils par jour. Selon Ameth Guisse, président-directeur de Maak Petroleum Company, cette découverte offre l’opportunité d’une énergie moins onéreuse et d’améliorer la compétitivité des entreprises.
La production de pétrole et de gaz au Sénégal sera destinée à l’exportation et à la consommation domestique
Effectivement, elle sera très éloignée de la taille des géants mondiaux et africains tels que le Nigeria. Cependant, on prévoit des revenus de milliards de dollars, ainsi qu’une transformation accélérée de l’économie dont la croissance en 2024 est anticipée à 8,8 %. « Le début de l’extraction du champ de Sangomar marque le commencement d’une nouvelle ère, non seulement pour l’industrie et l’économie de notre pays, mais surtout pour notre peuple », explique le directeur général de Petrosen Exploration et Production, Thierno Ly, dans le communiqué de Woodside.
Depuis 2014, la découverte de vastes réserves de pétrole et de gaz dans l’Atlantique a suscité de nombreux espoirs dans ce pays en voie de développement. Petrosen estime que les revenus du gaz et du pétrole devraient atteindre plus de 1 milliard d’euros par an sur une période de trente ans.
Renégociation des accords
Des inquiétudes demeurent concernant les contrats d’exploitation. Aujourd’hui, la société australienne Woodside possède 82 % des parts du projet Sangomar, tandis que l’État sénégalais en possède 18 %, avec une part de profit variant de 15 % à 40 %.
Face aux efforts d’une partie de la communauté internationale visant à diminuer la dépendance aux énergies fossiles, le Sénégal revendique avec force l’exploitation de ses ressources en gaz et en pétrole. Le président Bassirou Diomaye Faye a fait la promesse d’une plus grande transparence et d’une vérification des secteurs minier, pétrolier et gazier. Selon le Premier ministre Ousmane Sonko, le Sénégal s’engagerait à assurer une part équitable face aux multinationales. « C’est nous qui vous avions promis qu’on allait renégocier les contrats et nous allons le faire, et on a même déjà commencé », a-t-il dit à Dakar devant les jeunes de son parti.
Danielle N.